C051 - Que me réserve encore mon passé ?
Privé de soi l’heure oblige à un retour sur soi.
Aux voilent qui aveuglent je reconnais la distance qui me sépare entre l’oubli et la mémoire. Je ne te vois plus, je ne t’imagine plus : je te parcours. Je glisse en toi comme un torrent dégringole la montagne pour aller rejoindre le nouveau monde crépusculaire où s’invente la lumière du projet de l’instant.
Sous mes yeux clos, l’ivresse neuve où se gorge la foudre des étincelles. L’horizon exprime son infini dans l’épanchement de l’éclair lorsque nos mains se rejoignent dans l’élan et la fuite. Nos chairs s’épousent sans s’effleurer et la vie nous touche sans qu’on la sente. Aucun exil possible sans le souvenir passé que la conscience a oublié. Il n’y a plus de temps pour se pencher sur nous-mêmes, plus te temps pour perdre des batailles, plus de temps pour échapper à l’horloge embryonnaire de nos intuitions profondes. L’affectif se surestime pour taire ses incapacités. Nous voilà sous les draps de nos méandres alors que nous devrions êtres nus devant le miroir de nos solitudes. L’amour est un projet que nos histoires hantent de toutes nos peurs afin de nous décourager à nous estimer droit et debout là où s’effrite la vérité ; cette vérité qui nous est toujours dérobée par l’ingérence d’une crainte où plie la certitude et où s’étrangle les justes ressentis de nos peaux d’égoïsme et de générosité confondues. Ouvrir les bras devient alors la seule expression pour braver le risque et étreindre l’haleine de l’heure douce. Hier et demain couchent ensemble mais la bougie ne les éclaire pas.