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L’idée de l’histoire qui se souvient est une défiance à la mémoire qui me raconte. Qui du souvenir où de l’histoire est cet effleurement d’images qui parcourent mes sens de long en large ? De vieilles cendres oubliées en amas logent les espaces en abandon. La lumière, quelquefois, ne sait plus aller en ces lieux oubliés parce qu’on les croit taris, desséchés, définitivement repentis. Le délabrement nourrit de nos incertitudes offre la condition propice aux résurgences et nos mers lointaines s’ébrouent dans le chaos de nos songes sans que l’eau et l’air ne s’associent pour bousculer nos sens. Funambules comme des ombres noires, nous nous écaillons de nos fatales défaites à n’enregistrer de nous que les faux vertiges, les danses hypocrites de nos ventres ballonnés de l’égoïsme pur, prenant soin de ne pas effaroucher nos peurs, nos méticulosités à nous affranchir de la crainte. Comme si nous savions purger nos misères et nos défaillances. Tout est inscrit malgré nous au-delà de nos instincts grégaires à nous protéger du vivant. Et la peur parodie autant que la vie est bonne comédienne.

Seul le temps s’épuise. L’épreuve est en nous un effort sur le bout de la langue de nos déterminations à nous faufiler entre les ruines de nos désirs bubelonnés d’une tumeur d’existence aussi dure que la pitié que l’on s’accorde. Ne reste que le geste, le geste léger, léger comme une goutte d’air, le geste que l’espoir propose comme un cerceau dans nos ciels effarés. La puissance de la pitié tient en la peur du mépris de soi-même. Et de cette pitié là à notre solitude, il n’y a qu’un hiatus. Et, je me dissipe comme les soupirs d’un vin qui n’est pas encore bu. On se méfie, mais la vie est la vie.