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LA COLLINE AUX CIGALES
14 février 2009

C023 - Nous marchons l’un dans l’autre.

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Nous marchons dans le vide ; mnésiques. Nos pieds sont des ailes sans témoignages et ta main est là pour me dire le vertige qui happe si je n’étais dans le cénacle des heures qui nous stigmatisent. Chemin de croisés, parcours des corps amputés du chaland de la (dé)mesure que l’errance a fait sienne, nomade chevauchant l’étincelle des promesses que ta lumière incurve au prépuce de ma rétine. Tu es là de tes absences troublantes, fragiles, déposée sur le fil de lin de l’inaltérable. Incrustée à ma peau comme un coquillage, une chrysalide du temps et des souffles, un item précieux fossilisé comme un tatouage que le sel de la vie a cautérisé.

Nous marchons dans le ciel ; empyrées. Le pas léger, les formes souples, nos enveloppes de chair offertes à la suspension comme des points en traînée intermittente laissant derrière nous l’empreinte clignotante de nos éblouissements. Oiseaux furtifs et éphémères sur une ligne d’horizon où les infinis s’enchevêtrent et roulent comme des vagues créant des écumes blanches. Je sens ta voix qui butine ce halo de ouate où nos rectitudes sont mortes. Elle est sans masque et ressemble à ce crépitement qu’ont les vieilles cendres lorsque le feu est proche de s’éteindre. Un balbutiement encore chaud où se murmure la profondeur des tombeaux. Nos sarcophages ont cette forme dérisoire des sarcasmes de nos défaillances et nos mémoires sont ces miettes d’eau que nous buvons des yeux pour mieux habiter le frémissement de nos épousailles.

Nous marchons sur l’insoumission ; entéléchies. Nos bibles d’amour contiennent nos martèlements comme pour mieux briser nos résignations à nous plonger dans cette osmose de miel devenue la glue de nos pages blanches où nous n’avons encore rien écrit. Nos mots n’auraient de toute façon pas de fin et les inscrire appauvrirait l’hymne qui articule nos musiques. Nous ne sommes que des étiquettes collées à la gamme d’accords où le La et le Sol s’énumèrent comme une flottille navigue à la découverte d’un autre monde.

Nous marchons de nos éclaboussures, débarrassés de nos recoins, encombrés du déploiement biseauté de nos miroirs où réfléchit ce qui nous excède. Tes yeux sont devenus ma langue, ta bouche mon ventre, tes mots ma parole qui trompe les leurres à dire l’épouvante du délice qu’ont les consolations lorsqu’elles se taisent. Nous marchons sur nos morts qui ont finit par mourir. Nous savons que nos défaites seront le linceul d’où remonteront nos voix que l’étreinte de nos silences ultimes aura désarticulée. Et, je t’inventerai partout où résistance rime avec quiddité. Nous guérirons nos usures des morsures de nos soupirs pour n’être que le spasme grelottant de notre complicité.

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