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Le langage fuit l’articulation de la pensée. Il ne transporte que les copeaux demeurés imbrûlés par le hasard des flammes sèches. Nous ne sommes pas qu’égoïste nous avons besoin des autres. Je te transmets mon désir pour que tu le fasses tien. Sans quoi il n’a plus de raison d’être, en dehors de me pourrir plus ou moins la vie. Tu es mon relais, ma transmission, mon échange avec moi-même. La vérité nous prive tellement de notre naturel.
Aimons-nous de nos mensonges. Il est notre commun. Laisse moi mûrir de toi. Ne t’en va pas, attend-moi. Regarde nos pages, elles sont remplies de nos forets, de nos bois aux écorces d’appendices. Soulignons-nous de nos traits pas tout a fait droit. Élevons-nous de l’horizon de l’autre. Et si un jour ma lourdeur devenait ta légèreté, nous nous aimerons de nos ententes sourdes. Je ne dis pas pour te paraître, je te dis pour que tu mesures mon inaccessible.
Opportuniste de mes lacunes, je me comble de toi autant qu’une marre attire les têtards. Je pousse de toi comme la graine se nourrit d’eau et de soleil, coincée entre le ciel et la terre. Je n’ai plus d’autres choix que celui de fleurir d’un lapsus. Ce qui m’appartient n’est plus à moi depuis très longtemps. Depuis toujours même. Nous sommes au cœur de la transhumance et la cime encore lointaine.