P048 – Dormir pareil.
Je ne m’habite plus que par des ruines inanimées
Et la vie m’invente à l’insu de ma constance à la défrayer
Balayant jusqu’aux ornières creuses de mes caches misères.
Bancale la tranquillité titube aux rythmes insoutenables
Des garanties que nécessitent toutes audaces à vivre.
C’est l’œil pauvre et le regard ruiné par l’avalanche
Des certitudes qu’il me faudrait décroûter pour encore rêver
Léguant à l’immobilité transite incapable de bouger
Jusqu’à la fine épaisseur d’un frisson.
C’est à terre, rampant dans la poussière
Que mes narines trouvent encore l’air pur
Aplatis comme une planche d’écumes sans mousse
Dans un silence qui délivre.
J’ai vu un jour un cœur arrêté se remettre en marche tout seul
Et j’ai senti et j’ai compris que la vie marchait sans moi
Qu’il me fallait la suivre coûte que coûte
Sans lui réclamer l’aumône des misérables
De ses ombres j’ai connu mes plus grandes lumières
Et de ses nuits j’ai bu les étoiles à petites gorgées
Je me suis tu lorsqu’elle se moqua du moignon de mes tentatives
A lui vouloir faire pousser la jambe invisible
Qu’il me semblait lui falloir pour tenir debout.
Aujourd’hui encore elle rit de mon imposture
A l’aimer aussi de ce qu’elle ne m’offre pas
Il n’y a plus de différence à l’aimer et à lui parler
Sa naissance et mon berceau n’ont plus qu’un seul lit.