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LA COLLINE AUX CIGALES
18 novembre 2008

T0625 - Marin à distance d’exil.

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La haute mer pour refuge à mes grains. Aller là-bas tout au loin, chavirer mon trop plein. A l’éloignement des phares, à la perdition des formes, là où la terre disparaît aux yeux pour ne laisser place qu’aux remous sans cesse en action. Sans jamais vraiment déborder, une mer, un océan, ça ne déborde pas. Ce n’est pas leur rôle. Au contraire il sont là pour absorber les coups et les turbulences des terres qui les secouent, pour boire les ras de marée des hommes en chagrin. Me perdre, oui, je voudrais me perdre au cœur de cette mer sans route, sans chemin, sans autres reliefs que ses propres montagnes de vagues déferlantes envahissantes à elles-mêmes. Etre au cœur de la mer pour pouvoir y jeter la mienne, comme on balance un sceau par-dessus le pont. Ma petite immense mer dans laquelle, je me noie et bois la tasse. J’ai si mal appris à nager et il y a tant de répugnant immondices qui flottent de toute part. Aucun n’a su être une bouée d’arrimage à la suffisance du temps et j’ai du en changer si souvent que je crois les avoir toutes usées ou presque. Je voudrais pouvoir y noyer les sarcasmes qui ricanent de moi ne sachant plus les contenir avec autant de force que lorsque je croyais. Oui, il fut un temps où croire m’était secourable. Croire au monde, croire aux autres, croire en l’amour, croire en tout comme en rien. Mais croire. C’était ma bouée sans eaux, mon ciel sans oiseau, mais c’était ma conviction et ma détermination à aller. Alors j’allais. Mais, je ne veux plus aller, je ne veux plus croire, je ne veux plus crier le désespoir qui n’a de cesse que de me prendre aux hasards des culbutes, aux hasards des effondrements où pleurent mes nuits tapissées de cruelles mémoires et mes jours baignant comme des canards englués dans le mazout des acrimonies indigestes. Non, je ne veux plus croire. Plus croire240507_151816 en rien. Tout jeter par-dessus bord. Tout vider à la mer. Un grand nettoyage, une orgie de vidage du dégueulage. Voilà qui m’irait. Saborder l’ouvrage, foutre à l’eau ces années de logis sans demeure, de plaisirs agglutinés aux interdits que les morales réprouvent. J’ai la langue fatiguée. Lacérée maintes fois, trouée, sillonnée de béances, étranglée de dualités, alourdie de mensonges, pliée et entortillée de bavardages délictueux. J’ai la langue de ceux qui n’ont plus de salive.

Je voudrais la cracher dans le cœur de la mer, la voir descendre tout au fond rejoindre les coquillages. Je voudrais ne garder avec moi que le silence des huîtres qui n’ouvrent leurs portes qu’à la nécessité.

Tout ce fourbi accumulé, entassé à l’épreuve du temps que j’ai vécu et dont je conserve les lieux et les odeurs dans une fine partie de moi-même, je voudrais pouvoir les étalés sur un berge compatissante, les nettoyer comme le faisait avec patience ma grand-mère de ses reliques les plus précieuses. Les lustrer pour qu’elles brillent à nouveau au soleil, à la lumière de l’astre de vie sans lequel tout est noir dans l’immobilisme des substances qui ne vivent qu’à l’intérieur d’elles-mêmes. Je voudrais leur accorder le surgissement des âmes, le déploiement qui ne s’éprouve qu’aux gestes affamés de mansuétude, au regard qu’il porte au dehors qui loin de l’annuler le confirme à travers l’autre que lui-même. Je voudrais 240308_190144HommecourbeGentamer cette réconciliation qui abjecte tous ces fallacieux recours que les miroitements subterfuges des mots proposent comme une cascade naturelle de sons qu’aucune mer n’entend. Je voudrais la seule musique des vagues constantes à imbiber le sable des silences des mers pour que dansent sur ma plage les breuvages purs de mes rêves bleus partageant au plus prés de la voix le désir de vivre que la vie écrit d’une couleur qui lui est donnée par ses seules juteuses évidences. Je voudrais aller rejoindre ce lieu hors de tout pour m’enfouir dans ce nulle part afin de me reconnaître et de me retrouver. Je déserterais les jardins sans matin et je me regarderais partir dans le regard d’une femme où je verrais ma trace se diluer aux poussières du piètre marin que je fus.

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