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LA COLLINE AUX CIGALES
11 novembre 2008

I118 - De trop belles mains ont encerclé l’aurore.

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J’entends monter du ventre la parole qui a été vaincue. L’avalanche des mots aura eu raison des fragiles résurgences et de leurs l’infirmités à réparer les blessures. Les incertitudes sont des assauts d’intempérances qui nécessitent à nouveau l’éventration pour éviter à la brisure de se replonger aux abîmes de nos actes répudiés à l’abandon. La vision de l’obscur de soi au service des lumières, le silence bouclier des paroles, le senti de l’être sur le bout du JE où rien ne s’échappe au-dedans et où tout s’enfuit dehors à l’explosions des débris de l’âme. Comme une perle se couche en sa coquille pour se laisser glisser en ses fonds marins, les algues cachent dans leur forêt le pouls vibrant des histoires lassées par leurs redondantes exclamations.

Tu es pourtant là, agenouillée sous tes paupières, à chercher la prière dans la bouche des silences. Tu es pourtant là, les bras ouverts, les mains au chapelet de tes sources, à piétiner l’impatience de tes rêves à ne pas oser tenir leurs promesses. Ha, si l’amour pouvait avoir la grandeur de ses débâcles, combien les heures tendres auraient alors le goût des insoumissions parturientes de nos ablutions les plus profondes et les plus semblables à nos fêlures. Aimer serait alors se voir comme on ne sait jamais se regarder, du bout de la rétine aux commissures des tendresses lovées à la pointe des yeux. L’orage, alors, pourrait être bleu et la voix pastel de baisers.

Mais ce qui est à combler demeure une fissure qu’aucun fil ne sait recoudre, qu’aucune caresse ne sait étancher. Dans le face-à-face de notre monde du dedans, seule la mort tisse la fluidité des pulsions de vie. L’étreinte est le naufrage partagé des solitudes, la probabilité des heures manquantes qui déchoient de nos corps aux multitudes d’empreintes fossilisées.

De trop belles mains ont encerclé l’aurore et le voilà qu’il danse maintenant dans le regard des lieux perdus qui n’ont plus rien de commun avec nos mers irritées des fausses clémences aux peaux chavirées, véritables chaloupes à nos consentements restés sur la berge de nos décombres. L’impartageable est une pulpe par laquelle coule les murmures échoués de nos sens ébouriffés par le souffle puissant de nos convictions à nous répandre au-delà de nos propres frontières. L’aurore est cette finalité provisoire où se conçoit la nuit des jours, la nuit des temps, la nuit prépuce au désir que l’attente meurtrie. Tant à dire et si peu d’éloquence, tant à faire et des gestes amoindris, tant à vivre et si peu de temps, tant à prononcer d’une seule élévation qu’aucune rage douce ne saurait s’y risquer. Reste le hasard de toi et moi et du monde déposé aux creux de tes mains à l’aurore de nos pressentiments à nous rejoindre au cœur de nos appréhensions.

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