I088 - J’y ai cru.
Le réel triomphe avec brutalité et l’effroi suscité par l’imaginé est venu transfigurer la peur. Un visage de lune étranglée gît aux pieds des certitudes. La friction des mondes se heurte du tangible compromis de ce qui est vu à ce qui est espéré. D’un piétinement sans équivoque la parole s’englue, les mots sonnent creux. Ton silence me laissait y croire. Les non-dits paraissaient un espace façonnable que le rêve semblait pouvoir butiner sans effort. J’aurai alors voulu être un marin et parcourir tes étendues comme un aventurier de l’enchantement. Le juste de tes mots réveillait en moi l’inoubliable et tes silences semblaient être les documentaires de mes expressions intimes restées cachées jusqu’à lors. Alors bien sûr j’ai rêvé la plénitude de la communion, la saveur sublime des songes paradoxaux, épousant le rythme et la distance, ton onde et ta vibration. Ce fût un voyage. Un voyage au cœur de l’intense, au cœur de tes mots, au centre de tes émotions. Mais.
Il pleut des mésanges dans ce ciel sans horizon. L’indéfini m’a relayé au rôle de l’étranger de passage. Et je passe comme une pluie s’écrase sur la terre, ruisselle de son abondance et s’engouffre avalé par les aspérités de tes cavernes souterraines. Il ne me reste qu’à dessiner l’informe de l’inconnu de tes formes. Il ne me reste qu’une brûlure sans feu recouvrant ma peau de calcite réfractée. J’ai trop dégusté l’idée dangereuse de cet indescriptible sanglot qui afflue aux rimes de tes verticales. L’imaginaire est de ces bretelles qui retenaient mon souffle à mes inspirations, gonflant mes voiles pour des parcours de perles et le vent s’est tue. L’éclaboussure de tes silences a pastiché l’immobile dans lequel je me tenais droit à t’attendre. L’éclat de tes cimes est devenu un baiser d’adieu où l’un vers l’autre n’avait pour issu que mes promesses puériles.
Je tangue et tu dors immobile…
Ta mer figée aux vagues stériles
Où je t’enferme de phrases closes
Laisse à tes montagnes la beauté
Des hauteurs inaccessibles
La douceur de tes marées
Caresse encore le sable chaud
De mes éclats à t’avaler
Je tangue et tu souris
Et je m’encercle à tes yeux.
Les petits riens qui frétillent toujours et s’envolent tout autour, les petits riens qui de leurs absences offriraient au néant une immensité encore plus vide… Les petits riens qui caressent et bousculent mes frissons se taisent à la foudre et se meurent à tes chaos.