Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
23 juillet 2008

0577 - Evidemment !

200885168_260b77a11d

L’évidence… Puisque je ne me reconnais pas d’un jour à l’autre de ce qui m’entoure. Mon regard est le bateau où mes pensées sont au-delà de ma propre personne. Le vague de l’incertain empile les pensées les unes sur les autres et aucune d’entre-elles n’a assez de vigueur pour culbuter, pour défrayer celles qui ne devraient pas se trouver là. Toujours dans l’obligation de se référer exclusivement au senti, à l’appréciation des sens et aux impressions qui cognent ma réalité. Guidé par la réactivité plus que par la raison morale, j’accède à mon insu aux regards intrépides qui dévisagent le paysage singulier de mon environnement en ouvrant mes yeux comme si c’était une première fois.

La bâtisse d’autrefois à céder aux inondations des enivrements récurrents des jours fades et sans goût. Les ruines jonchent là dans un parterre de dégoût et d’émancipations acides. L’effluve amer ronge encore les dernières pierres. Le paysage raviné laisse apparaître sa désolation molle. Les larmes accompagnent sans sursis cette avalanche, ce tremblement de terre, cette excision psychédélique.

J’ai cette sensation comme quoi les limites se seraient effacées, gommées de leurs traces antérieures, ne laissant que des faux semblant, des halos de fumées grises. Rien de figé n’est définitif. La rectitude ne s’accomplit qu’en supposant une souplesse à venir. On passe des années à se faire et à se tordre, pour se démantibuler tout à coup, en quelques heures. La dégringolade brise l’édifice pourtant installé là avec minutie et patience, avec passion et conviction. Partout où a œuvré la volonté ancienne, les barreaux et les murailles ont cédé. Se faire et se faire encore pour finalement tout défaire, construire et déconstruire, un jeu de yoyo navrant et décourageant.

200885179_668fe2b7f9Ce n’est pas moi qui est cédé, mais tout l’imaginé. Tout ce qui durant l’immensité du passé avaient hypothétiquement ajusté les pierres les unes aux autres. A mes pieds, un amas de rocs et de gravât. Que viennent vite les grandes eaux, les courants qui emportent, la mer qui recouvre et éparpille de sa fureur toutes ces ruines encore frémissantes de leurs douleurs à l’effondrement. Il est si terrible de se voir de loin, à la troisième personne du singulier et de s’apercevoir que l’on ne se reconnaît pas. Quel était donc ce pays, cette terre foulée qui n’était pas mon royaume ? Je saigne de ma doublure, d’un manteau qui n’était pas ma peau.

Ni interrogation, ni réponse, juste le flot des pulsions et des instincts que la raison encercle et que le cœur projette. Juste l’entonnoir de la vie et les filtres de l’émotion, juste une pincée de joie sur le bout de la langue et le goût amer des regrets.

Choisit-on vraiment… ? Je veux garder en moi l’inaccompli que le passé emprisonne, je veux conserver les images d’où rien ne se termine. Je veux garder la mémoire des regards croisés, des joies frissonnantes et des rencontres où le hasard était lumineux. Qu’aurais-je vraiment choisi ?

La résignation exhorte le renoncement à se livrer sans combat, sans lutte, sans énergie autre que celle de s’ensevelir. Les choix qui supposaient ma volonté crient cependant leur détresse à se voir mourir ainsi. Je comprends soudain que les jérémiades ne suffiront, que l’apaisement ne peut venir d’un sursaut, ni même d’une détermination à s’exclamer. Ni l’attente, ni les soupirs ne peuvent être des alliés de d’un inutile asile. Mon cœur se presse et se compresse dans l’amour. Unique lieu où le ciel peut convoquer les étoiles. Il me faut saisir l’inusité, ouvrir les vannes, tuer la déception. Mes paupières sont lourdes de confidences et à me toucher de si prés, l’horizon est devenu une silhouette si lointaine que je n’arrive plus à y voir demain. Ici et maintenant le silence traduit toute mon hégémonie à me vouloir entièrement perclus de moi-même dans la profusion de ce que je suis. La douleur rampe à terre et cependant, je suis en dessous. Enfoui dans les cavernes aux méandres, dans les souterrains de moi-même. Moi qui aimerais regarder en face, il me faut lever les yeux pour apercevoir.

De toute façon, il m’aurait fallu un jour où l’autre sortir de ce carcan circulaire pour envisager la production de cet autre moi avec lequel il me plait d’accentuer mes propres disgrâces et d’ébranler les armoires du temps et des connaissances agglutinées sur des étagères muettes d’alternatives.

Pour paraphraser Jacques Brel, je dirais à cet instant que ce n’est pas l’homme qui fait l’empreinte mais l’empreinte qui fait l’homme. Probable que mes soupirs sont plus sombres que les ombres qui les cachent. Car si je me connaissais autrement que dans l’appréhension, mes lâchetés ne seraient que des pets de moustiques en cette jungle intestine. Pourquoi fait-il puiser dans l’étranger de nous-même pour s’offrir à la lucidité de nos apparats ?

Enfant, je jouais à pigeon vole avec mon grand père qui prenait de grosses crises de fou rire lorsqu’il me trompait de ses expressions coquines. Déjà, je secouais la tromperie du langage qui malgré qu’il chante nous induit et nous malmène. L’incompréhension fomentait le trouble de mon dedans et la duperie exacerbait mon raisonnement. De ma part d’enfance, une souffrance mystérieuse revient en relents inconsidérés. Je n’y entends nul cri, nul pleur, seulement les remontées d’une forme de désespoir chronique.200885193_339a065ee2 Sans doute, je trouve aussi dans les dimanches pluvieux, un répit, une accalmie, un moment d’apaisement. Sans doute, mes tables de jardin soutiennent mes déchéances et mon potager ouvre naissance aux averses douces que l’été réclame. Je m’assigne une tache qui est mienne lorsque je m’enrôle dans le théâtre de ma vie. A arracher les mauvaises herbes qui poussent à vive allure, à sarcler le chiendent envahissant, j’en oublie les jeunes pousses oppressées et encerclées, bien que fertiles.

L’inertie solidifie l’inadvertance, il faut la révolte. L’amour ne peut démentir la vérité impunément !

Le rêve n’est pas ce lieu illusoire où s’installe l’imaginaire pour seulement en découdre avec l’insupportable réalité, non. C’est aussi la lumière à venir. 

Publicité
Commentaires
B
Le sujet disais-je alors que je voulais exprimer le thème. <br /> Oui, tu as raison, véritaimer du cogito à l’extrémité d’un doigt de pied est la seule conception possible. L’interférence des autres vérités offre au moins l’opportunité de consolider ou d’affermir le postulat.
.
Des verbes plutôt...Être...Véritaimer....
B
Le sujet qui m’importe c’est l’être. Le devenir incombe à ses capacités à se reconnaître les yeux fermés.
.
La vérité, l'amour, n'est pas complément d'objet mais sujet.
B
L’amour est une vérité à lui tout seul, néanmoins la réalité est faite d’une multitude de vérité. Une seule et unique vérité universelle serait un totalitarisme mortifère auquel je ne souhaite pas m’affilier.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 345
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité