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S’éloigner de soi pour se rapprocher de la vie, un paradoxe parmi d’autres, plus je m’évade de ce que je suis plus je me ressemble. Inaltérable de moi, la dimension du rêve s’étend aux courbes de l’horizon que mes yeux tolèrent. Etranger, je suis cet étranger assoiffé de vie là où la mémoire s’épuise de ses ressacs. Nul visage, nul regard ne viennent encore trahir la multiplication de mes désirs.
L’indiscutable est nu autant que les mots qui s’arrachent eux même leurs propositions. Et chaque dernier silence fredonne déjà le suivant. Le dernier du dernier tarde. Sans mot, incrédule et incontournable, sans doute joue t’il à cache-cache avec l’incertain du noir.
Effacer, annihiler, gommer. Les cicatrices que l’ombre enveloppe, les fissures même de l’illusion telles de fausses promesses au brouillard des certitudes nonchalantes ne s’évoquent plus qu’avec distance. Le renoncement rempli l’estuaire des pulsions et livre sa glue aux raisons cimentées d’amères prières. La langue de la mort ne s’apprend pas au catéchisme des insouciances. L’inaudible discours des paroles du sermon des consciences est répudié lui aussi, au fin fond des cours crasseuses où s’entassent les peurs salies et déchiquetées à la baïonnette des rectitudes morales et des lames blanches des préjugés.
On a beau enterrer les ombres dans des cataplasmes de vertus aux herbes des métaphores, les reflets dansent encore et malgré le marasmes des ego lynchés à coup de concupiscentes injonctions à l’autre, aux autres, au monde des vivants, l’éclat du néant couvre le déluge que la nuit enferme.
La joie est seule souveraine de son spectacle. Et les sourires battent des ailes pour applaudir la déchéance. Exilé de soi, le dénuement sacre le manque et parodie la carence par des danses tribales rappelant l’origine des sépultures du rien. Le vide immobile occupe toute la place et rien ne peut plus désaltérer les traces qu’hier a laissé incrémenter aux sources d’aujourd’hui.
Au bout des lèvres, des pensées douces soufflent le souffle des étoiles.