0448 - Boire le superflu du soleil… (?)
Boire le superflu du soleil… (?)
Se baigner de l’eau dorée reflet du jour, s’éveiller de l’enfance à l’ombrage des feuilles et anticiper le déclin.
Je ris, je pleure et je murmure… Je n’ai rien à donner tant je prends chaque fois et m’épuise de cette copieuse coupe d’abondance. Que vais-je pouvoir inventer au dessus de moi, en plus de moi ? Une dérision. (ni dubitatif, ni conditionnel)
Fait d’une herbe et d’un fantôme, un hybride, je suis contenteur de moi-même. Je m’estime autant que je puis me pénétrer. Partout de moi où je peux me faufiler, je m’intègre. Même si c’est pour pénétrer des salles noires.
Il est des heures qui annoncent… De moi, mon mépris et mon dégoût, le bonheur ne légitime rien. Je reste avide de ma pauvreté… Le juste, aux horloges de l’équité, brûle autant que de la pitié que je défie à mes extrémités. Mon contentement est avarice. Le joueur de feu crache la flamme de sa bouche incandescente.
Je me tends de moi-même à l’abîme. Je suis un passage, une perte, un pont vers autre chose, une passerelle interminable vers d’autres rives, d’autres lieux, d’autres marécages.
Je n’ai aucune raison de périr de ce que je suis si ce n’est de connaître, de me sentir.
Mourir de me savoir sans avoir de but. Promettre moins que donner. Donner, quel étrange verbe. Châtier ce qu’on aime, ce qu’on donne, limoger les fêlures et n’abriter que du vide. Ne pas hésiter à venir comme à partir. Mon corps ne sert que d’entrailles à mes éclairs.
J’ai foi dans les bègues, ils répètent les peurs qui se dédoublent.
Mieux qu’une croix, je porte mon chaos. Et c’est de ce mépris que l’insoutenable devient une légèreté plus fine qu’une plume d’abandon. Savoir se mépriser accentue le désir et le fait frétiller jusqu’à son propre épuisement.
Etoiles dansantes, aux robes de soirées valsant dans le ciel bleu d’un noir incongru, il est confortable d’inventer le bonheur. De ce confort capricieux et meurtrier qui fait oublier les cendres des joies qui pleurent dans les alcôves de la mémoire.
Bien fou qui trébuche encore sur soi. Vivre de ses petits plaisirs, bouffon de moi, funambule sans fil et sans vertige, il est si doux de s’élancer dans l’abîme profonde que les gorges ne savent contenir.
Déchirer et briser… brûler cet être qui ne sait être sans avoir. Avoir seulement ce qui est pour s’échapper encore plus loin. Je suis ma truite qui ne s’attrape pas, qui se fraie un chemin, sans savoir pourquoi, j’irais mourir au bout de la rivière, épuiser à la remonter et lâcher mes semences à l’oubli des vents et des cris d’oiseaux.
Il n’y a rien à craindre voilà le vrai redoutable.
La curiosité comme la terreur se fatigue.
Dénuée de sens, l’existence est aussi haïssable que l’estime que l’on se porte par pure compassion.
Petite vie au goût exquis, je savoure mes entre-las, mes entre-plats, mes antres tous, mes entre-aies… S’ouvrir ! …Je suis ma congruence.