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Le bonheur ne peut se tenir par la main, ni se prendre comme l’on prend une pomme pour apaiser sa faim. Non, le bonheur est cet invisible que l’on effleure, que l’on caresse de ses joies sans jamais le posséder ou pire encore le maîtriser.

Il est juste là, blotti à quelques pas dans le creux d’un sourire qui sait l’accueillir doucettement presqu’avec pudeur.

Petit bonheur joli de chaque jour, aux rires cristallins de l’enfance et des coquelicots rouges de tendresse joyeuses, qui nous accompagne le temps d’une escapade et s’éloigne bien vite apeuré par nos cacophonies intérieures.

Le bonheur te ressemble autant que la fonte des neiges forgeant la source, autant la vague ondulée aux cimes blanches d’écumes salées, autant la grive flottant dans le ciel changeant de l’automne, autant les pays de merveilles et ceux de cocagne. Il tisse à tes gestes la toile légère et veloutée du doux paroxysme à l’excès de tes parfums d’ange à demi réel. Le bonheur ne se configure point, et n’adopte que la forme douce de tes contours où les lèvres ne se posent mais où elles s’imprègnent délicatement comme une ondée tiède sur une peau de pêche.

Le bonheur ne s’appelle pas, il s’invente, s’implante de l’innovation leste de tout désir. On le reconnaît souvent tardivement au goût de miel qu’il laisse sur le palais bien longtemps après sa venu.

Le bonheur a tes yeux lorsque tu t’extasies de la bonté des effluves câlins qui viennent bercer délicatement l’effeuillage de tes sens que tu déshabilles un à un du coin de tes yeux coquins. Le bonheur est ce dépouillement qui nous laisse neuf à nous-même, sublimé d’ataraxies à la surprise des évidences. Le bonheur est l’impromptu de tes mains lorsqu’elles glissent jusqu’à la chair nue de toutes nos frasques, de toutes nos pantomimes à paraître, de toutes nos réalités survoltées d’étranges bruits sourds dont l’oreille du cœur sifflent par delà les méandres des soliloques.