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LA COLLINE AUX CIGALES
13 novembre 2013

Il est un moment où tout nous précède.

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Tout ne se récolte pas sur le long chemin de l’innocence et de la pudeur. Une brûlure s’échappe par les lèvres de notre histoire lorsque je caresse notre tombeau d’illusions. J’ignore les mots inaudibles restés dans les coins du silence. Je n’avais pas conscience de cette perte à bras ouverts sur la déchirure. Les ressacs de la plainte sanglante encombraient trop gaillardement le dépit. Aujourd’hui, ma langue s’épuise sur la meule à courant d’air. Les mots sont des baisers de satin, des bras d’écriture touchant l’impénétrable lumière lovée derrière nos paupières de lunes douces.

J’écris pour protéger notre séparation du gouffre de l’oubli. Mais, j’écris aussi pour désinfecter la nostalgie. Les mots que tu aurais pu me dire sont devenus des pantins désarticulés. Je frôle ton parfum à la voix qui s’arrache de ma gorge et je m’annule dans tes yeux.

Nous habitons pleinement le sang de nos fissures. Nous équarrissons la solitude pour mieux charpenter nos serments de fusion et de symbiose. Nous ignorons le vide pour mieux grever nos imperfectibles vulnérabilités. 

Ils sont morts nos anciens déchirements. J’enregistre cette déculottée de mes sens. J’ai perdu la notion qui dépend d’une virgule. Je suis nu comme les dents d’une scie découpant la branche sur laquelle je suis assis. Tout ce que la vie m’a inculqué repose sur l’émotion. Cette onde fébrile est instable et je tremble de chaque orage qui gronde. Mais, tu n’es plus là pour me rassurer. Alors, mon angoisse se heurte au vide que tu as laissé. Le calme et l’apaisement sont des idées neuves que j’aborde avec toute la dérision de mon existence. Il me faudrait accoucher de l’absurde qui navigue dans mes pensées pour entrevoir un peu de pitié à mon destin. 

La plainte est rugissante. Ne pas savoir, ne pas comprendre. Se retrouver dans la désarticulation, dans les viscères découpés, les os tranchés. La départition scélérate, la décomposition unitaire de son propre souffle. Il est un moment où tout nous précède : la vie, la mort, le passé, le dire, l’amour. Une seconde suffit à contenir ce que nous avons quitté. En un éclair, nous sommes décrochés de nous-mêmes.

Le temps d’une étincelle et nos caveaux bedonnants d’histoires vécues s’illuminent d’une succession d’images et de squelettes. Et moi, l’être pensant, je vis au creusement du futur et dans l’effondrement de toute certitude. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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