Demain, nous serons semblables à l’éternité.
Duo sans toi, duo sans morsure, je t’aime sous la souche des mots, sous la souche des peaux. Frileuse solitude de ta vie incrustée à la mienne. Je porte la voix comme une houle transforme les vagues rugissantes en de simples gouttes de pluie. Je suis revenu chercher ton cœur sous la voûte triste où se libère l’écho d’une cloche funeste, alors que pas un seul instant tu n’as quitté les frissons qui accompagnent mes rêves.
Entends-tu le cri toujours vierge que le vent transporte par-delà la balustrade de la voix ? Nous nous sommes quittés dans de troubles circonstances. Tu disais que l’amour avait châtié l’existence, querellé les poumons d’espérance et noirci l’échange salutaire. Nous nous retrouvons comme deux statues figées par le désarroi. Mais, qu’à cela ne tienne, il nous reste l’éternité pour nous délier de la bave indolente et du crachat insidieux qui nous a transformés en pierre. Demain, nous serons semblables à l’éternité. Nos poumons flâneront dans le sang de l’énergie pure. Nous serons l’étendue infinie et nous coulerons comme l’eau démoulée de la congère qui nous figeait.
Nous sommes la vie dans son fragment d’étincelles, dans son infinité et sa bonté corrosive. Mon cœur et mon essence brûlent aux quatre vents comme des lanternes inépuisables.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©