Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
19 août 2013

Un simple dé que l’on jette.

imag4esToute la vie est une course poursuite de nos élans et de nos actes. Et si la mort ne venait pas mettre un terme à nos amertumes d’être, à nos excroissances délictueuses, l’existence serait un cadeau empoisonné, une parodie de la souffrance, des blessures sans espoirs.

C’est à la fascination de l’impossible que nous devons les forages les plus inhabitables. L’utopie est la nécessité ultime de tout raisonnement, de tous les lieux improvisés, de toutes les aires fécondes. Elle déroge à la condescendance des courtoisies morales. L’illusion fantasque dessine devant nous la part ensevelie de nos demeures provisoires et de nos surenchères.

Depuis cet électrique mirage que nous appelons coma, ma perception semble différente. Cette prostration connue à la suite de mon accident m’a conduit au-delà des chemins frayés à l’usure du quotidien, des actes et des mouvances. Depuis, la vie s’irrigue par bribes, par petits morceaux de souvenirs, par mot de passe. 

Te souviens-tu de cette nuit éclairée où je t’ai rencontrée et où je t’ai parlé ? J’étais inanimé et tu étais vivante comme une icône à laquelle on aurait donné des ailes. Te souviens-tu de la limpidité de nos regards lorsque nous nous sentions légers et totalement voués au seul immédiat de l’existence ? Nous étions dans la semoule de l’intemporel. L’ampleur des pistes au seuil de l’espace fustigeait nos petites chapelles. Plus rien n’était arraisonné à une quelconque histoire. Le temps se résumait à un simple dé que l’on jette sur le tapis vert des promesses avortées. Nous étions là sans y être vraiment. Et, ton regard était une route de pierres, le chemin d’une soif que l’on promet aux marcheurs. Tout semblait être une vérité en communion.  

Mais on s’est croisés. On s’est vu et on a bavardé.

-  Je pars cette nuit...

-  Oui, je sais.

-  On te l'a dit ?

-  Non, mais la Terre s'est arrêtée.

-  Je t'écrirai.

-  Oui, je sais. -

  Tu m'écriras aussi ?

-  Je te répondrai toujours...

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Commentaires
A
Si la mort ne venait pas mettre de terme, alors sans doute nous prendrions-nous davantage encore pour des dieux pleins d'orgueil.<br /> <br /> Tes textes sont beaux, incisifs, réalistes, et si humains.<br /> <br /> Il faut que je prenne le temps de lire tes écrits antérieurs; avec un peu de ce temps qui s'enfuit pourtant ...
U
"Ma vie s'est arrêtée"... Un peu différent mais c'était le titre d'un blog trop douloureux que j'ai fermé. Moi, je n'ai jamais eu de réponse. Jamais... Même en suppliant de les avoir, même si elles faisaient mal, même si elles étaient définitives et sans retour. Depuis 3 ans, je suis suspendue au-dessus de ce vide d'incompréhension et de douleur en espérant souvent que je vais enfin y tomber de ce fil qui me retient à la vie sans que je sache pourquoi.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 340
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité