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LA COLLINE AUX CIGALES
21 juillet 2013

Echouer encore, échouer mille fois.

Seated_on_the_Chair_Ignat_IgnatovMon âme-sœur, on ne peut continuer indéfiniment à se perdre dans une quête vaine et épuisante. L’insatisfaction cherche toujours le réconfort. Où qu’il soit. Ce n’est pas l’épreuve qui rend plus fort, mais la joie d’avoir su se défaire d’une pensée que l’on croyait guérisseuse. A présent, il faut songer à nous désenclaver de cette torpeur sédentaire, de cette mélodie jargonnante et barbare et repenser le fondement de soi.  

Il faut le savoir : penser, c’est mourir. Penser, c’est la part sauvage qui dévore la raison jusqu’à l’os vivant de nos sémaphores. Réfléchir, c’est concevoir la réalité laborieuse et répétitive. C’est ignorer que l’intuition inspirée précède tout acte, tout mouvement, toute sensation, toute émotion. Penser, c’est défier la fatalité de l’existence dans son expression la plus naturelle. Or, il est impératif de nous concevoir en dehors des mailles qui nous enserrent dans l’étau mortel de la raison. Car ce n’est plus de penser dont il s’agit mais de vivre malgré les constats fratricides, aussi tragiques soient-ils. Tes lèvres ne se préoccupent pas des mots qui s’écrasent sur l’air, ta bouche bredouille quelques sons désynchronisés et ton visage prend la forme des ogives où nos voûtes se rejoignent.

Tout ce qui me révolte m’attriste du même élan, et réciproquement. Le sang qui bout ne donne pas de bonnes saignées. Je ne sais me relever de l’ombre que lorsque le jour s’émancipe par sa propre immanence. Le combat avec la vie est une nécessité pour ne pas s’effondrer à chaque pas. Mon cœur s’envole de son support pour ne pas se plier comme une tôle. Même froissé, il sait prendre la mesure de sa détente. L’inconséquence n’existe pas, je suis tout entier une réaction, un réflexe subordonné à mes états d’âme. J’accepte mes paradoxes. Il me faut savoir la mort aux aguets pour donner à mon existence toute sa vigueur. Sans toi à mes côtés, le jour n’est qu’une brimade d’opalescence râleuse.    

Echouer encore, échouer mille fois. J’avorte de moi-même. Recommencer, c’est reprendre irréfutablement le chemin qui avance devant nous. L’échec en quelque sorte est le baromètre de mes prouesses. Il me permet de me reconstruire à la lumière de ce que je suis vraiment. J’échoue, puis je recommence. 

Le jour s’est trompé, il a dégluti ses lames blanches et la lumière est tombée dans son gosier d’air et de parfums caverneux. Des ombres murmurent quelques salves froides puis un écho de noir s’étend sur l’horizon devenu une barrière sombre au bout de la ligne de mire.

Le désastre n’en finit pas de pondre ses œufs pourris. Il est réutilisable, multiple et infini. A l’intérieur de la promesse, tout est la cicatrice de nos voix. L’espoir donne du fil à retordre à l’oubli. Dans le sommeil du temps, la flexion de la déchéance improvise la narration du vide. Mon cœur est un pinceau frotté sur le mur. Parfois, il y a toute une vie courbée dans une porte qui s’ouvre. Au lieu de me morfondre au seuil de tes lèvres, j’en ai fait un bateau pour sillonner le silence qui nous retient dans sa gueule fermée. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

 

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