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LA COLLINE AUX CIGALES
16 juin 2013

Deux mots déposés sur la langue comme deux sucres.

La_chambre_1948_BalthusA nouveau, le désir provoque le présent. Il cogne à la porte des retenues. Il accompagne le hululement des chouettes cachées dans la nuit noire. L’eau de tes lèvres est pillée par l’envie qui me préoccupe. La vie, comme une mémoire à mille pattes, traverse la gouttière où s’entassent les débris de nos rires. Le désir est plus violent que les papiers froids, plus torrides que les relents de nos dérives. Il signifie l’injonction avec laquelle on se dresse comme des chevaux se cabrent.

Et vois-tu, nous sommes restés là dans tous les mots mâchés comme une pâte à papier recyclée. Dans le silence des cathédrales où se sont terrés la musique de nos orgues de barbarie et les violons de nos âmes. Nous sommes enfermés dans le trémolo qui n’a jamais quitté le sac de nos entrailles. Deux barytons aphones se disputent encore la mue de l’octave qui un jour déchirera nos voix.

Ce ne sont plus les jambes de la nécessité qui parcourent la terre des labours et des semences mais les yeux désespérés de leur solitude. Un vautour survole le marais. Nos mains planent au-dessus de l’enclume cachée dans nos buissons.

Mémoire cellulaire, tu souffles sur mes braises et je m’enflamme à nouveau dans le repenti des clairs-obscurs. Une autre fois, un autre jour, nous creuserons le sable. Une autre fois, un autre jour, l’heure disculpera le temps de sa ronde imperturbable. Plus tard, je le sais, nos obstacles s’évanouiront dans l’oxygène de la respiration, elle ressuscitera le silence aérien de son écume suppliante.

Zigzags ininterrompus, il n’y a rien au sommet, rien à droite, rien à gauche, ni à l’envers, ni au-dessous. La lune regarde sa face cachée : il n’y a rien. L’intention hurle son projet dans le noir : elle veut voir un arbre tout vert au centre du désert. Le désir naît dans le berceau inconscient des sources du monde. Deux mots déposés sur la langue comme deux sucres. La parole s’évente en même temps que fondent les minuscules grains blancs. La pensée s’invente là, au pinacle du vide auquel on a suspendu une raison d’être.    

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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