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LA COLLINE AUX CIGALES
9 avril 2013

Le temps a soif de ton ombre.

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Le désordre n’habite plus les lieux incandescents. Ta chair et la mienne ne recouvrent plus le nid d’hirondelle qui jadis flottait dans les branches sans racine. Tout est mélangé, de sorte que l’unité n’est plus ici, mais là-bas sur le bord du jour qui attend la parole. Entre toi et moi, une porte de papier brûle ses dernières lignes. Nous sommes nus comme le bruit d’un alphabet champêtre. La colline nous récite, l’herbe nous sillonne et les heures d’infortune se balaient d’un revers de manche. Jamais moins que l’amour dans l’arc-en-ciel de nos balbutiements. Nous marchons droit devant, nos pas dans le désordre des chemins. Nous ne sommes plus côte à côte, tu flottes dans mon ombre.

Je te touche du bout des lèvres. Ma bouche est une éponge, mon cœur une étoile. J’ai cru un instant habiter le fond de ta voix. Mes mains sont des râteaux, elles coiffent le ciel que tu remplis. Dans la crue de mon cœur remonte des paroles et des visages. Tout est inondé. Je nage sur des histoires disparues, sur des lettres devenues de la poussière. J’écris ton prénom avec le sang volé aux âmes défuntes. Rien n’est derrière. Tout est aussi brillant dans l’instant. L’amour me joue des tours, lui qui navigue partout où la marée des heures est un bouillon de résonances. L’onde insupporte les chocs. De bric et de broc, des faits et gestes mutants transgressent la fable, traversent la table et s’assoient sur la chaise vide. Il ne reste rien. Il n’y a que le désespoir qui chante et qui soulève encore la jupe sur tes yeux.

Ma solitude dort dans tes bois. Un lapin et un hibou s’échappent par la fenêtre. Mes larmes sont des rides et ma langue est restée dans le panier des souvenirs comme une goutte de rosée sur l’aube nouvelle. Je suis le grand écart des mémoires qui déchire les saisons pour n’en connaître plus qu’une : celle des engelures du temps et des gerçures qui couvent sous les poitrines. Je t’écoute dans le chant du monde et tu cries comme ces guêpes que l’on chasse de leur terrier. Je respire le frisson des heures mortes. Sous la couverture de la colline s’éclairent ton visage dans le noir repère des sources inconnues.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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