Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
23 février 2013

Il est minuit et un autre jour attend la purge.

imagesCADHCB86

En un instant, un orage de grêle dure avait massacré tout le paysage de mes candides explorations. Je le tenais pour responsable de ce désastre. Tes mains s’allongeaient sur mes pensées et l’intervalle de nos respirations prenait la forme d’un voile opaque où je cachais mes plaintes. C’est dans la tempête que l’on reconnaît le vent qui passe.  

Il me revient aussi des lignes tracées au cordeau, des traits sombres où s’épuisait la tristesse amarrée à la perte comme des repos trépanés. Des courbes distendues où flottent des voiles, des linceuls ensevelissant ton visage. 

Des formes diffuses sifflent tout au fond de l’abside. Les murs qui soutiennent la coupole s’ébrèchent dans chaque note du destin où je te retrouve. Une musique de sable s’envole jusqu’à mes oreilles. Il n’y a pas d’heures sur ce tarmac infâme où glisse mon pèlerinage. La mélancolie occupe toutes les voies. Un amour très pâle recouvre nos fronts. Une sorte de triangle Terre-Mer-Enfance repousse la ligne ronde d’amour qui nous entourait.     

Ici encore, une odeur de moisi perce ma poitrine. L’immobilité tremble et réinvente la danse de la lumière pour que mes yeux te retrouvent. Mon regard nous transperce et s’élève jusqu’à tes larmes. Une effervescence nouvelle remue mon cœur fondu à la mélasse rouge où j’avais jeté mon centre de gravité. Je vacille et je tombe. Il est minuit et un autre jour attend la purge avant de recommencer sa fuite vers toi. J’incante ton prénom comme on récite une prière salvatrice. Mais les mots taillés en de minuscules échardes se sont perdus dans l’océan tumultueux où le souvenir s’est transformé en requin aux dents acérées. Au fond des mers, le silence nous retient prisonniers. Et nos mains cherchent ensemble l’étoile de la délivrance.  

Vois-tu, j’ai désormais une nuit tassée et compactée comme un caillou sous mes paupières. C’est, sans doute, le poids graveleux d’une capitulation déroutante et d’une défaite provisoire où s’effiloche l’angoisse d’une existence capricieuse. Tu sais, mes croyances, elles aussi, sont mortelles. Et, tu es si loin maintenant, que je te touche de mes seuls cils, de mes seuls bégaiements.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 340
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité