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LA COLLINE AUX CIGALES
20 février 2013

Encore plus fort qu’hier.

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Faut-il donc croire que tu aies pensé la mort plus douce que la vie ? Dans l’excès du renoncement, tes mains se sont fermées et ton souffle a cessé. Que sont devenus tes yeux, ta peau et ton chagrin ? Ta lucidité du vide étourdissant ? Il s’agit, ici, de respecter ton choix. Mais, il s’agit aussi de le comprendre pour essayer de l’accepter, de l’avaler comme une goulée d’eau fraîche. La capitulation est pernicieuse, elle fond comme neige au soleil lorsqu’elle cimente la coexistence du péril à celle de la réconciliation définitive. Fataliste d’une réalité qui me possède, je ne saurai comme toi donner le glaive à mon désarroi.   

Est-il possible qu’un arbre, sans cesse balayé par la violence des vents, finisse par céder à la tentation de refuser définitivement la sève qui le nourrit ?

Tu as inscrit tes feuilles et tes branches à l’incalculable chemin du temps. Tout chuchote à l’imperceptible bruissement de ta voix. Un frémissement s’écaille et des grumeaux de toi foulent encore les terres inachevées, les mémoires incomplètes. 

Encore plus fort qu’hier, j’entends parler ton sommeil de grenaille comme si une sollicitation d’amour s’infiltrait et se murmurait de la bouche de la mort. Cette pucelle inviolable que nous avons jetée après ta ptose sardonique dans le seul jardin qu’il nous restait. Nous, ta famille, qui te chérissons, nous l’avons ensevelie au fond du jardin de nos brisures, au pied d’un chêne centenaire. Depuis, il te recouvre de ses glands à chaque automne et son tapis de coques dures te préserve de l’épreuve. Vois l’ironie du sort !  

Quoiqu’il en soit depuis, je te course et je t’arpente à la dérive de tous mes naufrages. Je te recompose des brouillons tapissant ma mémoire et je me recueille dans le silence de tes ruines. Je sens ma gorge se nouer à la tienne. Quelques scories tombent encore et elles vont fondre les pierres dures de leurs larmes acides. Une pluie à la saveur assidûment aigre et piquante.  

La tête qui roule dans la brèche n’emporte pas le vent. Des pensées fondent dans la cire astiquée puis réchauffée. L’inflammation des caresses renouvelle l’ardeur. Mais la poésie se fout bien des jours sans crépuscule. Toutes les nuits amères rebondissent des cendres de la lumière. Les étoiles ont chuté. Un bracelet lumineux entoure mes chaussures. Je marche à ta rencontre. Mon appétit sous les paupières du souvenir.

Une louve affamée se cache dans la forêt. D’ici, on entend son ventre vide et la résonance de son estomac désespérément opaque. Pourtant, elle crie son désespoir aux feuillages des arbres. Ce matin, elle a perdu la vie qu’elle avait fait naître dans la nuit. Un petit corps étendu à ses côtés. Elle pleure sa défaite.

 

 

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