Sans colère.
Nous décantons des bruits sauvages, au-delà de la corde d’air qui nous retient emmitouflés loin de l’espace physique. Des lignes d’eau se construisent et quelques peurs anciennes reviennent frapper le tocsin de nos fébrilités.
Tu m’avais dis : N’aies pas peur, le noir qui enveloppe ton regard n’est qu’un gigolo, un danseur de tumulte, un séducteur acharné à faire durer le flou des sens.
En effet, cela ne dure pas. Ou plutôt, cela dure le temps tremblant en dehors de l’horloge avant qu’il ne déborde. Paumés, nous le sommes tous de nos jours oubliés. Toutes les brèches attirent la lumière. Le noir, cet orphelin de toute matière, succombe à la naissance de l’espoir. Dans l’intervalle, nos mains cimentent la fissure. Le vide trouve un corps et se façonne. Une fumée blanche comble la rigole où tombent à flot nos ruines et nos cendres.
La mutilation de l'oubli renouvelle nos sources. Plus tout à fait les mêmes, nous ignorons l’appui qui portait nos rêves par-dessus les étoiles. Nos chairs dissoutes, tu n’es pas loin. Au bout du chagrin, la fenêtre s’est ouverte et sous la neige couve le printemps. L’absence entre nous est une grande mer de sable où la lune va picorer les premiers bourgeons. Nous habitons la bouche close d’une nouvelle parole.
Tu n’appartiens plus à personne et mon chant déraille dans la foule des ombres. Sentiments à la dérive, mon cœur est à l’abri, prés de la fenêtre éclairée. Cela n’a plus d’importance, je t’aime pour t’aimer. Et je flotte léger parmi les bouquets d’images que tu m’as laissés.