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LA COLLINE AUX CIGALES
31 décembre 2012

Par quels mots dire ?

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Mon enfance, ce cordeau dans le ventre, cette coupure du premier jour. Voilà mes seuls yeux en ce monde, ma terre de chair, mon radeau sur la mer. Sur une balançoire, je frôle ce lieu où la raison jamais ne me dément. L’identité sur le miroir me retourne avec clarté le visage que j’occupe.

Tu brilles sur l’horizon que je fais naître à mes dépends. Escales heureuses sur un trajet d’encombres, je t’envisage poudre de lumière afin que mon regard puisse se cogner à la limite du chaos. Le cœur fêlé, j’ai du vent dans la tête. Ta main touche à la matrice et notre mère se rappelle à nous comme l’astéroïde où se reflète notre unité.

Que reste-t-il d’une vie assommée de souvenirs alors que la mémoire se relâche peu à peu de ses registres bien classés, de ses événements de vides greniers, de ses casiers à breloques et de ses brocantes percluses ?

Par quels mots dire ? En quelle friperie verbale patauger ? Dans le calme péril des empreintes originelles, chaque fouille s’efface. Toutes les cérémonies de l’amour s’égouttent sur une idée de beauté. Mais la beauté ripaille ou s’échoue. L’écriture n’a pourtant de cesse de contracter l’éphémère buée du temps qui la transporte. Le désespoir n’a pas de clarté. La nostalgie est cette grimace qui déforme la pierre. Nos grottes conservent trop de sureaux qui nous rendent esclaves du branchage des douleurs.

Il faudrait que l’effondrement devienne un ralliement puis une force. Il faudrait que nos cavités s’habillent de nouvelles mousses, de nouvelles langues. Tous ces mots enfouis dans l’ombre de nous-mêmes comme des empreintes effacées par une neige incessante qui les recouvreaussitôt, ne laissant derrière elle qu’un long manteau de blanc immaculé. Tous ces mots restés là sur les pages lézardées qu’hier encore nous écrivions de la main de nos cœurs assemblés. Est-ce donc des inscriptions vouées à disparaître sans que nous puissions en tirer quelques leçons ?

Ma chair conserve à l’intérieur de ses fibres le berceau de suée des tous premiers tremblements. Mon corps envoûté se délivre de l’esprit qui récapitule. Tu es là, dans les décombres d’orge et de grêle et je peine à te toucher. Juste le souffle du monde comme un pouls fuyant, à peine perceptible.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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