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LA COLLINE AUX CIGALES
29 décembre 2012

La vie se défait de la terre.

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Notre enfance s’est perdue aux antipodes des sensations fortes. Trop de sel a brûlé la pouponnière où nous avons grandis. Nos heures déboîtées et en roue libre chapardent à la ferveur son inexactitude. Le souffleur de verre se heurte aux bouffées d’amertume logées dans la paroi du verre que l’on soulève à ta mémoire. Nos amours sont passées. Un frisson de mémoire a éclaté le givre recouvrant nos yeux. Nous avons la bouche pleine de terre tremblée et le mot d’amour est devenu un séisme.

L’opiniâtre rigueur du réel se dépose dans le fond de mon verre. Ta mort encore fraîche proteste du même élan qu’un éclair sous ma langue. Je l’entends hurler là-bas, au loin, elle défigure l’air et tranche l’étincelle qui la suit.

Le trait clôturant l’horizon n’est pas vraiment formulé. Une grise figure empathique demeure sur le sable et dans le vent. Nous ne sommes pas ou plus. Le désert perle sur nos épaules comme un morceau de sucre oublié sous le soleil. 

Ce qui n’est pas véritablement vu, n’existe pas. Je n’ai plus de cœur, mes yeux sont trop grands. La vie se défait de la terre. Je me cramponne à toi. Toute la vérité de mon sang est sur le chemin de l’exil. Te voir malgré tout, c’est bâtir des tours sans échafaudage. Et mon cœur, ce lilliputien inculte d’avenir, n’a pas d’échelle assez grande pour atteindre le petit dévidoir où la lumière s’abreuve dans le ruisseau des étoiles. Je bois et je rebois pour faciliter le transit de tes cendres devenues du marbre. Le rocher de feu est imperturbable même dans la chute. Je suis seul dans le froid de l’illusion. Peut-être. Les sens me trompent. Ils me promettent un dédommagement à ta disparition. Ils m’offrent les clés tordues d’un monde intérieur privilégiant l’acuité au désespoir. Mais, c’est la même chose. La lucidité est souvent aussi acide qu’un jet de liquide citronné sur une plaie vive. Elle vilipende sûrement. Sans doute, suis-je resté trop longtemps accroupi sur nos débris. Je te souhaite si rayonnante et si présente que les sens m’hallucinent. L’amour a-t-il commencé ? Ou ne commence-t-il sans cesse ? Rien n’a cessé durant le voyage de la mort à la vie. Tout s’incline face à la vitesse hallucinante de la lumière. Le mur du son ne franchit pas l’absolu. Nous sommes l’œuvre incomplète d’un pinceau trempé dans la poussière et le vent.

 

 

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Commentaires
H
Et poussière et vent qui nous ont dessiné se chargent ensuite de tout effacer. Sauf les beaux textes.
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