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LA COLLINE AUX CIGALES
26 décembre 2012

Terre du vertige.

20_007_4_Grand_nu_debout_1923Rappelle-toi la vie conquise dans le matin des brumes épaisses, dans le poivre feu des blessures hémophiles. Nos yeux perdaient leur lumière à la séparation du ciel et de la lune. Notre marche éclairée d’absence n’en demeure pas moins anesthésiée, frigide. Déboussolés, nos pas aveuglés d’angoisse se désunissent et je cherche ta silhouette sous le brouillard qui nous enveloppe. Au col de la lumière, la cime parait bien étroite. Le blanc défigé et liquide broute des parfums immaculés. D’autres lumières se sont perdues, revenant sans cesse de l’eau à la neige, de l’air au naufrage des souffles.

Le chagrin en mouvement, c’est l’aurore qui s’ennuie du jour, et son murmure déplié s’étale sur la mousse verte où se porte l’écume de nos anciens sourires. Nos voix sont séparées comme un chandelier sans flamme dans une pièce noire. Nos mains n’ont plus d’écriture et nous parlons le silence comme deux baies de misère gélives tapies dans l’ombre de l’oubli. 

Ce matin, mon amour, la glace est dure comme le plomb. Nos marées emportent nos pâleurs de mendiants sur une nacelle au milieu des astres endormis. Le sable frissonne et nos souffles sont des salins d’amertume grinçants comme des étoiles que l’on dégrafe de la nuit pour les jeter dans la profondeur de la mer.

Tu t’avances vers moi. Une goutte d’eau sur du fer rouge. Aujourd’hui, l’aube sera tardive. Nos lèvres parties de l’adieu, puis revenues. Je me relève des champs de labours bleus. Tu te faufiles dans la clause du hasard ténébreux. Tout est administré dehors. L’heure nous accompagne comme un vieillard s’avance dans la brume. Tête basse, pensive, blanche. Le dos voûté. Des écorchures. Dedans.

Tu avances vers moi comme l’air récure les poumons que nous avons abandonnés le jour de ton départ. 

On se perd à se chercher. Il y a un lac d'écume sur la route en bord de mer. Une buée de schiste soupire sur le sable. L’amour s’abandonne sur l’épaule des dunes, fouetté par l’intermittence du vent capricieux. L’étreinte est transparente pour les cœurs défaillants.

Chaque grain emporte sur la silice brillante un peu de l’eau disparue. Paysage désolé, jets de moiteur tamisée au regard d’une lente agonie, d’une blessure aiguisée par la lame du souvenir sans cesse réactivé. Les grandes plaines de velours beige regrettent la mer qui s’est abandonnée à d’autres lits. L’effervescence ancienne ne tient plus que dans l’empreinte des coquillages fossilisés. Les digues de sable pleurent les vagues qu’elles miment. Il pleut des gravillons sur l’étendue du silence. Terre du vertige, mouvante et instable, la nuit retombe sur elle-même. La grande voix nostalgique des flots de détresse s’insurge. Des roses ont poussé là comme des navets enrubannés d’épines. La bruine galope dans la mémoire des cactus. Pas même un rocher où attacher la vie pour qu’elle ne glisse. La solitude a trois têtes. Cerbère s’évapore à la lumière du jour qui vient. Tout se confond d’une larme sèche dans le cachot de l’air libre.

 

 

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