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LA COLLINE AUX CIGALES
14 décembre 2012

Que nous reste-t-il ?

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Je dors d’un sommeil lustré par des images flottantes. J’occupe le blanc brouillard qui cache le désordre établi dans le couac des mémoires. J’habite sous la paupière de l’avenir et de l’éclair qui disjoncte la ligne blanche sur la route de l’infini. L’absence n’est plus vide, les heures camphrées se diluent à la marée du temps. Quelques cloaques d’alcool se dissipent dans l’étendue ouverte. Mes pensées s’envolent librement. La peur est devenue solitaire, j’ai dépassé la cime de l’ego.

Le vertige qui m’accompagne est maintenant la sûreté de mon pas. Je m’affirme au monde comme la luciole dans un champ de marguerittes. Le tournis que je ressentais à écrire s’est démantibulé comme un château de cartes. Je m’assure de l’existence comme d’une corde de rappel. Mon chemin est limpide, je contourne la roche et dévale jusqu’à la plaine de blé où nous pourrons encore jouer à cache-cache. Le jeu sera scindé comme nos cœurs. Le jour va pouvoir renaître dans sa grande mascarade colorée. Je le débusquerai comme une taupe dans mon jardin. Ma chair a rejoint la litière de mes pensées calmes et ton absence est devenue le témoignage silencieux de mon haleine.

Qu’attendre de la vie à l’âge où la synthèse commence à se prononcer ? Les pages se tournent de plus en plus vite. Que nous reste-t-il ? Nous demeurons dans les franges de l’inassouvi, toujours en quête d’une satisfaction providentielle. Malgré l’élan que l’on insuffle au quotidien, notre attente ressemble de plus en plus à notre désespoir. Déceptions et désillusions envahissent allégrement nos projets d’accomplissement. Nous acceptons de résumer notre passé pour n’en retenir que le meilleur. Et malgré tout, il semble que quelque chose nous manque. Qu’en est-il et à quoi peut ressembler ce vide ?

Nous ruminons toujours des actes commis à l’excès ou des faits qui usurpent nos identités. Jamais pleinement heureux, nous cherchons un bonheur impossible. D’ailleurs, qu’est-ce que le bonheur, si ce n’est une petite joie immédiate ? Qui regarde encore la pleine lune comme un rêve prêt à éclore ? Qui projette le jour à venir comme autre chose qu’un combat sur l’espérance ?

Le temps passe, le temps est passé. Chaque jour nouveau entérine une saga d’événements et l’on se complet à devenir parfait. Parfaits pour nous-mêmes, parfaits malgré les tribulations de nos esprits qui en demandent toujours plus. Nous refusons l’épanouissement de nos désirs parce qu’ils remettent en cause ce que nous avons acquis, quelquefois au prix de douleurs truculentes. Nous sommes des incomblés marchant sur l’aube comme les momies puantes de nos repentis. Nous ne saurons jamais l’avenir que nous avons eu peur de transgresser. Alors, nous haussons nos âmes en chantant comme Gavroche : « Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau. » (1) Mais, nous demeurons des êtres de désespérance, incapables de nous surhausser pour devancer la clarté qui nous éblouit. L’avènement du monde commence toujours par soi-même, quel que soit le lieu perdu.      

(1) Victor Hugo - (Tome V. Jean Valjean – Livre Premier : La Guerre entre quatre murs – Chapitre 15. Gavroche dehors)

 

 

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