Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
8 novembre 2012

Mais, il ne faut pas.

0412325001213042525

Tu peux rire de moi. Tu peux me suspendre aux cris de la faim. Jamais, je ne saurais retenir dans mes poings le visage des hommes. Trop de tremblements ricochent à la terre de mon Eden. L’air est sur mes épaules avant et après le feu. L’intervalle est un incendie ravageur. Mutant, je perce le feu jusqu’à la brindille enfermée dans mon ventre. Ma pourriture finira toujours sur la vague que tu dénudes. Je cours avec les semonces de l’air qui me donne des coups. L’écorchure, c’est moi-même dans le labyrinthe de la brûlure.  

Un instant, je suis la forme d’une main posée sur ta peau. Mais, chaque fois que je discute avec la lumière, elle a raison de moi.

Ta disparition est bien sûr une grande peine mais elle n’est pas que cela. Ton absence est aussi une auberge douce au cœur de la clairière. Il se peut que tu pleures comme la buée des jours tristes, prisonnière comme moi des charpies insolentes qui occupent la nuit dans le fond de nos yeux. Mais, il ne faut pas. Ecoutons ensemble la nouvelle mesure de l’heure. Tout est brisé dans la pendule ancienne. Le cadran n’a plus de forme. Les aiguilles arrêtées pointent vers le balcon où nous avons chuté.

C’est maintenant, en dehors de toutes sollicitudes rémanentes, que nos sangs forgent l’air qu’ils absorbent. Une cohorte d’amour fraternel badigeonne le passé avec de grands feutres effaceurs.

L’amour a eu pitié de moi. Tu as fait demi-tour. Te voilà assise sur la grande diagonale du vide et tu me regardes. Toutes mes nuits sont des grèves fiévreuses défiant la mémoire des jours heureux. La halte propice me précipite lentement aux bords tranchant du rêve et je touche à la ouate de ton silence comme une plume que le vent fait virevolter. Les parallèles sont en exil, nous sommes juxtaposés à la toile transparente qui nous préserve. Le remue-ménage de ton départ s’écoule à pleine paille. Nos peurs interminables se sont dissoutes dans la pénombre d’hier.

La mort nous a soumis son chantage d’oublis et d’ancres rouillées. Nous sommes sur le pont et le Rhône poursuit son chemin vers la mer. Tu me sembles si proche, entortillée au silence, plus claire qu’un brasier de ronces sous la langue du temps.

J’abdique aux combats perdus d’avance. Mais soyons prudents car abandonner n’est pas toujours la défaite escomptée. Cesser de revendiquer la possession et la maîtrise des choses ne nous délivre pas forcément de l’assurance que nous accordons à la réalité. Mon âme serait-elle un miroir du temps émotif que l’heure n’en serait pas moins moite et corrosive. Viens, allons trouver madame la Chance pour lui parler de notre désastre d’amour. Nous lui dirons combien un temps il fut joyeux, drôle et nourrissant. Et combien, nous en sommes désormais terriblement démunis. Et puis, nous parlerons aussi à monsieur le Destin. Nous lui dirons ses caprices et ses fourberies à nous avoir programmés à l’instable saison des avalanches. Nous n’avons pas eu assez de temps pour fleurir. Pas assez de temps pour nous développer, pour nous bouturer et nous épanouir pleinement. La cassure nous a broyés avant que le printemps n’ait pu rejoindre l’hiver.

 

 

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 339
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité