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LA COLLINE AUX CIGALES
2 novembre 2012

Alors, je ris.

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Il convient désormais de se dépouiller entièrement et de lâcher les branches du ciel. Nous devons laisser choir tout ce qui se résume de la pensée et de son acquiescement. Il faut à présent s’incliner à la clarté qui existe sans nous et voler aux sens la franchise de leurs gestes. Derrière nous, une faux tranche la lumière plongeante et dans nos poitrines résonne la foule de bêtes noires qui parlaient de nos bouches amères.

Dormeuse aux rides lacérées, le voile d’un soleil couchant reflète ton visage sur la calme étendue d’une mer orangée qui me plante un doigt dans le cœur. L’attente qui m’anime est un chant pur enveloppé dans le vent lorsqu’il prend la mesure de toutes les distances. J’apprends à faire confiance au vide. Nous avons sauvé de la matière originelle le baiser d’une beauté plus grande que nos seules existences. Nous avons arraché le suc de la confidence intime à la coiffe des heures qui ont vu naître notre amour. Et rien ne saura jamais plus être aussi élevé que cette distorsion de temps et d’espace.

Parce que douter, c’est créer. Parce que douter, c’est mourir quelque part et renaître plus loin. L’écriture n’est qu’une relation des sens lorsqu’ils sont mis en exergue de la raison. Il faut ne plus savoir ce qui du mot rejoint la réalité. Le vécu, le vivant, sont toujours ailleurs. Toutes ces pages écrites sont de fausses voies. Des chemins d’escapades, des malaises irréversibles, des hoquets violents du monde perçu.

Nos vies sont les litières de nos malaises et de tous les tremblements qui précèdent la mort. Nos existences sont plongées dans la bouillie poétique d’un vécu traduit par la conscience d’être. Le doute m’attise comme une vamp. Je lui dois d’être vivant parmi les morts qui m’entourent. Ce que j’écris me dérange autant que mon corps et davantage que la désinvolture de l’air. Toute la lumière devient inutile à l’appui d’une lampe. Le noir intérieur recouvre toute la providence. Nous sommes des machines à fabriquer notre destruction. Je broie l’air qui m’est donné, je respire comme une moissonneuse-batteuse. Mes yeux conçoivent le jour pour t’arracher à la réalité. Et, la vie insiste. Elle ne claque jamais la porte avant la déraison.

Je marcherai jusqu’à la fin du jour, et je ne saurai jamais combien ce qui se détache de moi m’allège. Je doute plus de moi-même que du temps que je m’accorde. Alors, je ris. Parce que le rire est plus puissant que tous les chagrins du monde. Un matin, tu verras, nous désincarnerons la prière du jour. Nous atteindrons la souple vérité qui se loge dans la pierre. Nous entendrons chanter la rivière où nous avons roulé sans connaître le tanin de la douleur. Et ce matin là, je doute que nous soyons encore dans les yeux cruels de la nostalgie.

 

 

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Commentaires
L
Si l’on considère l’écriture comme le sang de nos émotions, sans doute peut-on parler d’étouffement et d’oxygénation. Il y a, aussi, dans le mot qui nous échappe non seulement une multitude d’interprétations mais également un fragment de notre vérité intérieure. Difficile de s’y retrouver.
S
"L'écriture chemin d'escapades, voies détournées" : très juste ; mais ce sont les chemins d'escapades qui permettent de se re -oxygéner qd le chemin n'offre qu'air lourd étouffant, et ce, même si les mots ne collent jamais au vécu, intraduisible.
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