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LA COLLINE AUX CIGALES
2 septembre 2012

Aimer à l’intérieur de son propre dilemme. (9)

CAF__1_1Doucement la réconciliation de nos âmes mute du cocon à la chenille puis au papillon. La ligne circulaire, où la terre et le ciel s’unissent, offre à l’horizon la nacelle de tes yeux. Les distances s’amenuisent. Nous touchons à la mesure énoncée au tout début du temps. Tu fronces tes lèvres comme pour attendre l’heure qui saura parler ta langue. Tu te lèves et te soulèves pour ne plus habiter que l’audace de tes fantasmes. Le pas léger, le regard pas encore tout à fait apte à plonger dans la vérité du cœur qui s’émancipe peu à peu.

J'aime être un peu de sueur au fond de ta gorge. J’aime être un peu de bruit au fond de tes pupilles. Tu es la roue sur le chemin, tu es le rocher que le vent gifle doucement. Tu es la déportation de l’étendue bleue par-delà le vert des prairies où s’élève encore le blé tendre que plus personne ne viendra faucher. J’aime avoir mille ans dans ta peau et dix ans dans le tourbillon de ton cœur. 

Je suis celui qui ne te quitte pas. Je m’abandonne et je reviens. Je laisse mes pas sur cette meule incessante où tes lèvres ne sont plus. Je suis celui qui ne te quitte pas. Devant moi, un tremplin et des feuilles, puis le velours trompeur de la neige. Retiens-moi, catapulte-moi. Je vais d’orages en lamelles d’eau. Je viens comme je pars. Emporte-moi sur le tapis de ton cœur. Je te perds, il n’y a plus de couloirs sur le bas côté. Mes pieds sont des ailes. Je ne saisis rien du voyage, mes mains sont fermées. Je n’emporte rien au passage, je file et je roule comme une pelote d’air. J’ai perdu mes yeux dans ta lumière.

Un silence s’en va, puis un autre revient. Je prends le sable, je suis un désert. Ni l’un ni l’autre dans le caniveau du temps perdu. Moi cet autre sans relâche, débridé comme un cheval fou, je vais à la recherche d’une étoile filante tombée du ciel. Ta voix est un sablier, mon amour une déchirure. Je suis celui qui ne te quitte pas. Un filet de présence traverse la chair des arbres. Au bout d’un arc-en-ciel, j’ai jeté la bride aux couleurs juteuses et l’espoir dégouline la sueur de mes prières.   

Un instant pas comme les autres, j’ai rendez-vous avec une étrange logique. Je suis une cause perdue, une lueur noyée dans les ténèbres. Il n’est plus d’heure pour partager un cornet de tendresse. Mon sommeil te prolonge. Tu pousses dans ma gorge où fleurit un rêve de roses aux pétales enflammées. Il n’y a plus rien, tu es toujours là. J’émerge et tu trembles, tu t’accoudes au noir, et mon âme s’effrite comme une feuille morte. Mes yeux se ferment et le jour se retire.

On s'éteint à ces jours qu'on ne verra pas finir. On s'évade de soi. Tout va s’engloutir aux écumes de justesse. Tout va restituer à nos visages le bleu rougeoyant de nos ciels sans matelas. Nos paupières tatouées sont les filtres de nos mutismes migrants.

Une brume légère ronge la cime des arbres, nous marchons un moment dans la survivance de nos rires, puis comme des bêtes en troupeau, nous rejoignons l’étable adossée à nos effondrements. Il ne reste dans mes yeux qu’une dictée de tendresse dans l’effacement des mots. Une île joyeuse paumée aux fins fonds de ma mémoire. Le rêve complice est le garant du vol des hirondelles. Il y a quelque chose de sauvage dans la parole et l’écriture. Rien n’est domestiqué en ce lieu. Ta voix ne dit pas toute la cacophonie de la couronne qui l’entoure. Halos de vertiges, halos de langues liés aux proues de navires fantômes, une nuée de phrases empalées se dégagent aux pointes des angoisses. Otage de ce qui accompagne, la dysphasie de la nuit dort sur le bord du miroir accablant de ce qui s’efface jusqu’à se perdre.

 

 

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Commentaires
L
Sublime. Imaginatif, reposant. Ta muse doit être aussi profonde et pure, que le coeur d'un océan...
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