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LA COLLINE AUX CIGALES
12 juin 2012

Le silence ne recule pas, il participe à la mélodie qui nous emporte.

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Le silence, tel que je l’entends, n’est rien d’autre qu’un serpent sur le manche d’un couteau. Je pense encore à la poussière qui passe, aux trombes d’eau vinaigrées et au nénuphar solitaire derrière la lune. Nous sommes des passeurs. Avec soi, l’espace se garanti une limite. Nous sommes des convoyeurs d’air. Nos victoires imbibent le temps et s’offrent à la pesanteur. Le sens que nous donnons à l’existence est un bohémien, un intrus dans notre sang. Le rouge est une couleur non sédentaire. Il a besoin de bouger, il a besoin de mouvements pour ne pas sécher sur place. Toutes les couleurs n’ont que deux préoccupations essentielles : se répandre et se mélanger à d’autres. Elles glissent le long des chaînes du temps. Un tableau surréaliste est suspendu après chaque nuage qui défile dans le prolongement de ma mémoire.

Je dors avec une lame de barbier sous l’oreiller. J’habite un sommeil tranchant et de coups étouffés. Des nuages épinglés à mes rêves, je chute comme la pluie qui réveille les arbres et les herbes. Des verres grincent dans les placards fermés. Tout prés, des trains passent indifférents. Pourtant la voie qui s’ouvre devant est un coup de fusil, et les rails détonnent sous le poids des essieux de fer. 

J'aime embrasser le ciel qui brûle. Mes lèvres ont besoin de s’enflammer pour sentir les mots qu’elles mâchonnent avant de les projeter sur la vitre qui nous tient lieu de parloir. Mes oreilles se retrouvent sous le casque d’un motard, et le bruit diminue. La vitesse, aussi. L’agitation m’entoure mais ne pénètre pas.    
La tête entre les mains, la nuit dans la grange, quelque part des sources courent. Je dors devant la caravane qui passe. J’entends au loin des ombres qui se noient dans la nuit.

Ah la nuit ! Tout s’éparpille. Deux cratères polaires fondent sur les trottoirs souterrains. La froideur est exempte de frissons. Il y a deux trous noirs oubliés sur la rive, et mes paupières pétrifiées. Jamais dans la cathédrale du silence un bruit ne fut aussi sourd.

Nous marchons côte à côte pour dénicher un coin de paix, un repos autorisé dans le couchant des ombres.
Incurable tristesse d’un amour sans le soufflet qui attise des braises. Je ne vois rien ou si peu, mais tu es là. J’entends presque ta voix dans les mots que je prononce. Je les répète et tu es partie. C’est un jeu de cache-cache où nous dansons autour du feu. La grâce des flammes vivifie le silence par lequel nous nous comprenons.

Nos joies quittent la larme coupante. L’air s’aiguise tout sel. Nous n’avons pas pu vieillir sur un coin de soleil, mais nos tendresses associées le rallument. Nous sommes au monde effondrés de la mémoire. L’amour est égal aux collines d’écumes où nous avons vu le jour. Je suis une amande posée sur la fenêtre. Tu es une fleur sur l’amandier. Nos saisons se suivent jusqu’au labour prochain.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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