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LA COLLINE AUX CIGALES
18 janvier 2012

Jamais nous ne cèderons.

nng_imagesQuelque chose se dévisse dans le forage de la pensée. Tout un horizon s’éclaire et s’éteint dans la fulgurance d’une seconde. Aussi rapide que l’éclair la joie de vivre et la rigueur des jours morts traversent le souvenir. Je sors de la nuit poussiéreuse et inachevée pour voir dehors. De grands étendards flottent sans que rien ne les tienne. Des vagues se lèvent hautes et dures comme de la pierre. Des montagnes d’eau logées dans les failles de l’air volent puis tombent. Rien ne peut nous dissocier de l’humanité. Nous marchons sur les pas d’autres traces sans même les voir. Notre appréhension à la nouveauté est telle, que nous tenons les branches du ciel sur le devant de nos cœurs. Un amour au-delà de la solitude nous reconduit à la genèse de la matière. L’énergie de la lumière se répand dans les veines obscures de notre miroir. Le blanc se désaltère dans ce monde nocturne. Puis d’un seul coup, tous les corps immobiles se mettent à bouger dans tous les sens.  

La racine qui nous retenait comme une amarre se décroche du monde réel. Nous devenons peu à peu l’éther qui s’était immiscé à nos pensées. Ta voix redevient claire. Tes mains prennent force dans les courroies de la nuit. Elles se sont tues à n’être plus nommées par le désir du large que chaque convoi de tendresse appelle à l’infini. En tout lieu épuisé une fleur ou une fêlure, et puis l’eau claire où boit la lune.  

La chair mûrit à la lumière. Nos doigts sur la lèvre du présent sont humectés de cendre blanche. Un crépuscule descend la courbe rougie de l’horizon, et aussitôt des lampes s’éclairent dans nos greniers. Nous sommes nus pour accueillir ce qui fut toujours là. Nos mémoires enchevêtrées, nous entendons le bruit du couteau. La lame est fine qui découpe le sol où nos vies se sont déposées.

 De l’autre côté de la matière, un trou noir avale la poussière d’argent qui sort de nos bouches.

 Je suis un détroit et tout ce qui passe entre mes berges entend le frémissement du vent glacial qui disloque ma terre. Je cherche le lieu où l’ombre s’épuise pour nous rétablir dans la lumière. Aujourd’hui, je m’appelle buée et crissement d’air. Mon amour et le temps sont inconciliables. Entre le vrai et le réel un pont oscille au gré de la déchirure devenue une tumeur béante.

Aujourd’hui, je déambule dans un théâtre de marionnettes fantomatiques où la mort n’est plus l’ennemie. Au contraire, elle me veille. Elle parcourt ma chair sans l’éventrer en quête d’une défaillance. Elle marche à l’intérieur de mon corps comme une fumée blanchâtre traverse la surface d’un lac perdu au cœur d’une forêt. La mémoire a débordé la nausée lacustre où s’empilent de vieux rêves chiffonnés. Des pleurs et des rires entrent par la fenêtre et ressortent immédiatement. Ma pensée sans corps ni lieu flotte dans l’eau qui bouillonne au bas du ravin. Jamais mon sommeil ne cédera à la tentation pendue dans le noir, l’aube souffle sur des braises rougies qu’elle ravive. Tu es ma sentinelle. Ce que je ne peux plus voir dans tes yeux, je le devine. Les mots qui viennent dans ma bouche sont accoudés sur la paroi pourtant glissante de ton cou. Je les entends murmurer tout bas : jamais, nous ne céderons !

Ne faut-il pas dérider les parfums des moments heureux pour ensuite les plier dans nos chairs ? L’attente qui n’improvise pas un rêve se dissout à la lumière.

Duo sans toi, duo sans morsure, je t’aime sous la souche des mots, sous la souche des peaux. Frileuse solitude de ta vie incrustée à la mienne. Je porte la voix comme une houle transforme les vagues rugissantes en de simples gouttes de pluie. Je suis revenu chercher ton cœur sous la voûte triste éclairée de lampions funestes, alors que pas un seul instant tu n’as quitté les frissons qui accompagnent mes rêves.

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Commentaires
J
en silence<br /> <br /> parce que je n'ai pas de mots
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