Larcins.
Tout passe et tout demeure. Tout file entre les pattes de nos cœurs en pelote. Ce qui reste est un vertige. Ce qui reste, c’est le pas appuyé sur la terre, la mélancolie des doux matins où nos mains retrouvent le silence du jour qui se lève. D’abord nos langues essuyées aux arbres du sommeil. D’abord nos bouches à l’allure du frisson nocturne. Puis, l’éveil de nos peaux à la clarté, nos pieds nus sur l’herbe tendre de la première heure, et puis des mots. Des mots écrits dans la nuit et répétés au réveil. Des mots rêvés sur le bord d’une étoile, des mots enfouis dans le désir et qui jaillissent comme des flammes sorties du noir.
Tout traverse l’ombre et y retourne. Tout s’enchevêtre et s’écharpe. Hier est ce présent qui grelotte sous la paupière. Qu’adviendrons-nous après que le soleil soit là ? Maintenant va clore le mouvement sans comprendre la peur qui fouille les images qui reviennent. Encore et encore, plus loin dans l’ouvert, nous avançons. La nuit referme ses volets, et la rosée lave mes pensées. Les mots sont alors les muscles de ma chair, ils crient le feu de ton visage qui va rejoindre la sphère brûlante qui inonde l’immédiat resté à découvert.