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LA COLLINE AUX CIGALES
29 octobre 2011

Tristesse s’ensuit, chagrin s’enfuit.

imagesCATA673UTantôt j’avance, tantôt je colle à la montagne. Des signes embrouillés disparaissent sur le front lisse de la concorde désavouée. Une bouchée de souvenirs heureux, tes cheveux en bataille, et l’œil du passé jonché sur l’heure qui s’écoule. Dans le vent, la nostalgie renoue les cordes de l’arc. Ce matin, tout s’arc-boute. Les lampions d’hier sont éteints. D’étranges demi-cercles s’évaporent en fumée. La route invisible lâche son diadème, et s’enfuit comme l’eau courante sur le miroir. Un arc et des flèches dans la gorge, le sommet inatteignable. La distance est démise. Tout ce qui grimpe plus haut retombe derrière la montagne.

Les amours perdus ferment mon pas. Les éclats asséchés sont des briques géantes. J’accède, pourtant, à ce trône d’opaline givrée. Je marche sans me déplacer. Les arbres défilent comme des vagues vertes. Je suis là-bas, dans ce lieu où nous ne sommes plus. Je suis ici, où tu n’existes plus. Un amas de fougères subsiste dans le ciel. Des Gavroches volant jettent des pierres au soleil. C’est la faute à l’amiante que le cœur rejette. C’est la faute à la terre, trop vite, devenue une boule de suie.

Tantôt j’avance, tantôt je recule. L’air qui me retient n’a pas de prise. L’aube s’envole jusqu’au crépuscule tirant le fil du jour à l’autre bout du monde. Solitaire dans le mur, un caillou s’effrite. Le fond du jour interpelle les formes dissociées qui hantent la mémoire du temps. Rien ne désaltère plus la lumière.

Tu m’as dit : Je t’aime, et les fleurs sont tombées comme un parfum dans notre sang.

Tes yeux marron sont dans nos mains. Les couleurs se déplacent. Et, nous sommes figés comme un tableau sans racines. Il n’y a plus de mur où t’accrocher. Nos bouffées de sanglots divaguent dans l’air qui emporte. Le feu qui s’éteint ressemble au charbon qui colle à nos paupières. La réalité est méconnaissable. Elle court dans le champ de lavande devant nous. Nos pieds se croisent comme des cœurs pressés. Un écho frais se déplace jusqu’à nous. Notre feu encercle la banalité. Aveuglément engagés, nous sautons la lumière. L’élargissement est sensible à l’inquiétude des lampes qui ignorent l’éclairage. Notre plaie est devenue nécessaire à la retouche du blanc. Nous nous recomposons de la musique qui brûlait les traits de l’air lorsqu’ils s’enflammaient. Nous sommes décolorés, transparents comme une toux cabocharde. Nos paroles détruites. Plus rien ne peut nous maudire. L’instant rebelle n’a plus les mots pour dire l’entame des jours neufs. Nous sommes polis comme des galets de roche noire. Nous nous reconnaissons dans le retard qui nous rejoint. L’instant singulier où le passé fait corps avec l’air qui nous traverse. C’est encore dans le souffle perdu que nous retrouvons une fin laissée derrière la parole. Nos cœurs sont deux lunes qui bécotent à la nuit le ravin de nos ombres.

Tristesse s’ensuit, chagrin s’enfuit. Un air de flûte nous poursuit.

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Commentaires
D
J'ai aimé lire ce texte qui est d'une ampleur et d'une beauté inouïe accompagné d'un certain mystère. <br /> Vous avez là une très belle plume, des phrases d'un esthétisme fascinant.<br /> Je reviendrais, c'est sûr!
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