Il faut bien vivre.
Le monde a tord de suriner qu’il n’est que pensée. Mon corps pèse trop lourd lorsqu’il réfléchit. Le paradoxe : la pensée plus lourde que le corps. Le corps matière devenu le credo de l’absolu.
Quelques syllabes bâties en dehors des choses établies, et c’est l’effondrement.
Je te suis fidèle de ce que je ne suis pas. Je pense à toi et tu me manques. Je grelotte. Ce qui est tangible et persécuteur entre les deux fenêtres du monde réel réside dans la foi que j’ai à disposer de moi-même. Mais ta réalité est plus forte. Tu es le no man’s land. La terre de l’absolu que je suppose. C’est l’air qui nous colore. C’est l’outre-moi qui fait se lever la terre. Je plonge deux fois dans l’horizon. La première pour contourner sa ligne d’évanescence. La seconde pour te désigner de ce que tu n’es plus. Résultat, je suis l’ongle qui trace le trait. Je suis l’antithèse de l’union à moi-même. Je t’aime pour défoncer la ligne qui m’oblige à la surprise. Oui, me surprendre à être vivant. Tout est clos. Tout est une fermeture. J’existe au-delà de la violence de l’horizon. La vitre au travers de laquelle je vois est une gorgée de moi-même. J’incise le réel. Toutes les ombres sont des montagnes. Je traverse les rues comme l’air s’immisce dans les trous. L’air m’incinère. Venir à toi, c’est venir dans le feu. Et, la terre me donne à boire au désert. Rien ne demeure. J’ai le crépuscule des tes yeux dans mon ventre. J’ai des chansons plein la tête. J’ai le refrain des heures courtes connectées au destin.
Tu peux rire de moi. Tu peux me suspendre aux cris de la faim. Jamais, je ne saurais retenir dans mes poings le visage des hommes. L’air est sur mes épaules avant et après le feu. L’intervalle est un incendie. Mutant, je perce le feu jusqu’à son désert. Ma pourriture finira toujours sur la vague que tu dénudes. Je cours avec l’air qui me donne des coups. L’écorchure c’est moi dans le labyrinthe de la lumière.
Un instant, je suis la forme d’une main posée sur ta peau.