Puisque c’est toi.

Restons ensemble. De l’autre côté du Rhône le vent chavire la croix inscrite dans le creux de ta main. Revenons à pas lents vers la colline berçant les cigales. Chuchotons tous deux le bruit des branches de pins qui se balancent. Ne reculons plus derrière l’air qui ne fait que parler. Restons ensemble. La mort ne nous appartient pas. Nous entendrons claquer la porte. Restons ensemble avec cet amour que nous avons appelé homme - femme, cerceau de vie élastique.

Nos pieds sur le plancher des vaches et nos têtes dans les étoiles. Puisqu’elles sont entrouvertes, puisqu’une fine lumière pénètre la nuit. La nuit sans caprice, le noir emmêlé à l’audace de nos cœurs qui relèvent la tête. Pour nous séparer, le monde réel n’a qu’à se joindre au feu qui ravage les collines. Nous comprenons que le silence nous réclame. Puisqu’il bat au rythme de notre pouls. Puisque le vent ravive l’éclair de chaleur qui déchire le ciel. Mais, restons ensemble. Rien ne se résout dans ce qui subsiste. Il nous faut manger à la lumière tout l’inutile qui l’a fait éclater.   

Marchons doucement dans la fin du jour. Nos pieds posés sur les bourrelés de coton hydrophile. Puisque c’est toi, autant que la mort, descendons mains dans la main jusqu’à la plage, traversons la mer. Allons sur l’autre rive. Il nous faut quitter le sol pour voir la terre sous nos souliers. Tu t’es brisée au fond de moi comme une vague tombe sur le rocher. Je perçois des chuchotements sur les lèvres pierreuses où le jour s’enfonce. Nos cris croisés de l’affection qui nous unie.