Le baiser tendre.
Le navré de
l’amour, le mot qui n’est pas dit.
Le tournant
d’une route et la terre que le torrent défonce.
J’entends l’eau
exister comme j’existe.
La terre
dans mon sang, la rivière passante.
Mon cœur est
un enfant où chaque grimace s’égare.
Je te vois
là où tu n’existes pas. Je te traîne dans mes yeux.
Je te parle
pour moi-même. Je ne te dis rien.
Je te
raconte tout. Le monde, le mot, le parfait, le meilleur.
Tu entends
ce qui me démasque.
Nous n’avons
pas de regard pour l’absence.
On aime
croire à ce qui n’existe pas. Nous écrivons nos bouches sur les vitres froides. La rencontre de nos mains sur l’échafaudage du silence tamponne l’air comme un coton sur une plaie. Nos poitrines fendues comme des façades blanches sous un soleil de plomb. Tes lèvres comme une fissure où je bois les aubes perlées du sourire du mendiant.
Le point
nul sur le chemin. L’exactitude du zéro.
Les veines
éclatées des racines de gingembre. L’odeur du ciel dans la bouche.
Le jaillissement
de l’air. Le cuir du langage sur la scelle trempée par le voyage.
Avant que
ne sonne le clocher, l’heure désinvolte.
Une barbe à
papa dans le crâne du désir.
La constance
de ce qui se durci par delà le sucre dans ton sourire.
Nous ne
savons rien. Ni la fête où le serpentin se défait, ni le noir propice au cache-cache.
J’ai habité
le visage d’une femme, ses yeux rassemblaient mon visage.
Je me
tourne vers l’Est, mimant la boussole. Ton cœur est rond comme un étau.
Je n’ai su
croire à l’envers. Tu portais une jupe de coquillages.
Ma parole
est un trou que tu combles.
Je meurs de
devenir et toi, tu ris de ce que je suis.
Je te dis
comment je m’appelle, et tu ne réponds pas.
Un baiser
de toi tombe dans ma gorge.