Mon cœur est sur la route.

L’incomplet saisit la marge. Il s’écarte de lui-même.

Les baisers qui sortent de la vase n’ont pas encore eu le temps de fleurir. Pourtant, les tiges fièrement élancées se dirigent vers le cayeu des lèvres où tout est inhabitable. Le mot plus que toute chose. Rien ne nous appartient davantage que ce qui ne nous appartient pas. Le moment que cela dure. Un instant pris au vide. Un désir formulé, une attirance inconditionnelle, nos yeux baignés dans la moelle invisible où disparaît la volonté confondue à l’attente.

La poussière passée au tamis, l’eau bue par le rayon du soleil, tout est rendu au centuple à la pierre qui saigne.

L’amour cintré par les bouffées de rouge, l’amour croulant sous le bleu du ciel, l’amour dominant la vallée verte comme les cheveux d’un arbre décoiffé.

L’air se heurte à ce qui fleurit trop vite, dans les corps et dans les pensées. Je ne me suis pas réveillé aux pieds de ta silhouette que j’ai arraché à la nuit.

Si j’y pense, je m’enflamme.

Mais, le cercle de mes yeux m’enserre de ce que je crois voir. A l’intérieur de l’œil rien ne nous sépare. La chaleur de l’amour éblouit. C’est à l’aveugle que mon corps manifeste sa présence. C’est au senti que la tienne se recueille tout au fond de moi. Calleuse et cagneuse, notre ossature est un vertige.

Mon cœur est sur la route, tes mains aux carrefours.

Plus loin que l’emportement, le temps caché derrière le soleil tire sa manche d’où tombe la blancheur comme une farine broyée par la meule de la lumière.

Tout se retire d’un ressac. Même l’ombre va se terrer sous les pas. La marche est poudreuse. Elle nous conduit l’un à l’autre, clairsemés.

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[Sedna]

Ce refuge de mots pour que l'amour ne disparaisse pas derrière les buissons de l'ombre.
Sous l'oreiller du soleil, glisse un dernier rêve.