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LA COLLINE AUX CIGALES
3 juillet 2011

Il est temps de se livrer.

imagesCA9X1BT8Sur ce mur de sang séché, une craintive orbevoie* s’implante dans le renouveau comme une délivrance s’entame. Il faudra retrouver au fond de soi ce qui n’est ni raison, ni pensées, ni spécificités, ni certitude. Il faudrait maintenant s’en remettre à la source de l’incomplet, ce lieu d’infini qui nous ressemble. L’entier de chacun de nous s’est étalé sur toute la surface de l’univers. L’oubli aux poignets, nous traversons le feu avant que demain ne soit plus qu’une paille sèche. Sans plus attendre, nous nous logeons sous la chaleur comme des œufs dans un nid. Nous emprunterons la masse des heures enregistrées où nous avons couverts nos cœurs d’étoiles. Nous serons liés au soleil comme une ceinture. Nous nous délivrerons de la nuit fine comme un matelas d’adieu, et nous percerons la lumière retenue dans les ombres lointaines.          

 

La présence simulée a brisé le miroir posé sur le jour pour voir au-delà. La glace brillante a fondu. Le verre froid a rejoint la terre. L’eau figée s’en est allée. Nos vies coulent à présent comme des fontaines où les cigales viennent se désaltérées.

 

Mais, nos vies se coupent comme des lignes droites, comme des ravins retournés sur l’autre face. Captives des impostures où rien ne peut durer aussi longtemps qu’un baiser envoyé de la main.  

 

Rien ne pourra vraiment être dit, ni sur la vie, ni sur la mort, par delà ce dont elles nous instruisent, à part nous-mêmes, à part l’émotion inscrite par delà toute narration. L’écriture continue sa marche tranchante mais l’insaisissable demeure. Nous avons retourné la terre comme une charrue écorche la surface plane des matières durcies, et les oiseaux sont venus picorer nos sillons ouverts. Et, si le soleil résonne encore de nos pas informulés, l’amour a retiré son épingle pour l’apposer sur nos fronts. Nous avons des fronts faits de racines. Nous avons des visages sur l’affût des souffles où l’éclat nous découpe comme des rideaux en lamelles de temps. La vie morte s’est cachée sur le seuil de la porte.                                                                        

 

Il faut cesser les coups, les torgnoles, les rossées, les coups d’épée dans l’eau, les coups de poings déformant l’échine, les coups de reins que la semence éjacule sur l’étreinte conditionnée par sa propre ferveur névralgique. Il est temps d’ouvrir les cages, de desserrer le minuscule des lèvres encore écluses, et d’intercepter le rire endormi.

 

L’existence servile se brasse outrageuse sous nos paupières. Nous mélangeons nos sangs à la texture du monde. Nous nous envahissons à l’écorchure de nos êtres. Nous devenons un vieux tango où se frottent les pas appliqués à la cadence. Nous marchons sur des paroles qui nous équarrissent. Une musique douce pleure les rires restés dépités loin derrière. La mort est aussi solide que ce roc où nous avions enfant inscrit nos initiales. 

 

Les coups sont devenus des orbes dépeuplés. Pour te rejoindre, je reviens de l’escarpement de nos premières syllabes. Celles qui semblaient un cri.

 

Il est temps de se livrer à la trace invisible des trajets collectifs qui résument le monde. Il est temps d’effeuiller les fagots de nos mémoires gravées aux millimètres et de nous disperser dans l’air comme des tonalités décousues de leurs gammes. Nous nous retrouverons bien assez tôt dans la récurrence des profondeurs où existe ce qui ne se comprend pas, où vit ce qui n’a pas de vie, où se rencontrent dans l’embrassade des densités opaques les ombres de nos feux anciens.

 

Nos rages sont mordues par d’autres rages et la révolte flétrie comme une pierre sans eau. J’habite le repère où te lèvres balbutient son vertige à l’immensité. Les vestiges n’ont pas soleil. Ils clapotent dans l’épaisseur des jours ténébreux. Je te rejoins là où tout s’interrompt.

 

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Commentaires
V
Il est temps de l'oubli marqué au fer rouge sur la peau des adieux mais l'étreinte fut si forte que la terre foulée a marqué les jours écorchés des vaines attentes.<br /> Bien à vous
S
Même l'écriture ne pourra franchir ce bastion de la mort. Elle ne peut que lier la vie aux souvenirs et pourtant, tu parles si bien d'elle.
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