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LA COLLINE AUX CIGALES
14 juin 2011

Toute la vie n’est que regard.

expo1L’amour, comme un effluve d’inconstances rituelles, plonge l’instant au creux d’une alcôve où le temps n’est plus une attente, mais un devenir à déployer. Toujours, demeure avec l’incertitude du renouvelé, dans l’indétermination du mouvement transitoire, dans le geste dépeuplé de parodies. Toujours, crève les paroxysmes latents comme des flambeaux de durée où plus rien ne fustige la perpétuité. Toujours, s’embronche le pas à la résistance des assauts de la diversité mutante.

Premier et dernier vont ensemble… La pulsion de vie frénétique ne nous immunise pas de ses carences. Il faut peut-être éclaircir le partage comme une estame de la joie lorsqu’elle nous emmaillote.  

 

Tout l’amour n’est qu’espérance. Même la faim ouvre le cœur. Je rêve d’habiter un corps où l’emportement devient matière. Au fur et mesure que tu deviens mienne, tu t’éloignes. Une sublime apparence prend corps en moi. Plus les images foisonnent, plus la mémoire familière se rétrécit et se resserre. Je le sais d’avance, il ne restera qu’un point infime, qu’une lueur parfumée, qu’un trou plongé dans la fissure de mon être.

 

Toute la vie n’est que regard. Rien n’est plus nécessaire qui ne dure qu’un instant. Ton désir sera l’écume du mien. Tes yeux seront logés dans mon cœur comme des griffes aiguisées. La brise qui ne peut rien parfaire bluffera dans la distorsion mes rêves naïfs. Et la candeur s’épaulera sur la ferveur comme une sœur siamoise.

 

Des perles tombent du ciel, une grêle multicolore donne à l’horizon l’aspect rigide des éclosions immobiles, un peu comme ces objets de verre que l’on retourne et secoue avant de les repositionner dans le sens qui convient pour voir tomber la neige. 

L’inconcevable serait de ne pas se dépouiller de l’ambre qui recouvre nos parois fragiles comme des feuilles de brick.

 

La paix souillée déploie sa longue langue voilée pour dire son désappointement. La chaleureuse pitié des arbres lui propose ses branches pour qu’elle pose ses ailes trouées.

Au premier jour, ivre de blanc paumé, nos mémoires balbutiantes ne savaient pas encore la tragédie que nos peaux recouvraient. Le premier cri est déjà un cri de désespoir et d’infortune. Nous nous battons toute une vie pour lui accorder l’audible murmure d’un cœur chantant. Chaque battement de cœur est une pelure d’air blessé, chaque gorgée du jour brûle la bouche qui la reçoit. Le bonheur qui s’accueille brouille les pistes, et les ondes colportées des ténèbres jacassent toujours plus fort. Comme s’il nous fallait vivre dans une crotte d’invisibles poudres cyanosées où poussent des fleurs. J’ai moins peur de la mort. L’insensé ne peut s’y frayer un chemin. J’ai moins peur de moi-même, chaque épée du temps m’ampute des heures à venir.

 

Tout ce qui ne se dit pas afflue dans les cimetières. L’horloge de la mort n’a pas d’heures.

Seules tes cendres murmurent le feu qui t’a consumé. Une vie brisée trouve dans l’indécence du malheur la force de mourir debout, les yeux fixés sur l’abandon sans remord. Ce n’est plus toi qui m’écris mais l’éclat de tes ombres. Nous sommes nés de la fracture du jour et de la nuit, dans l’interstice d’un double vitrage. Vidé d’air, vidé de toutes circulations. Il nous a fallu traverser le verre pour nous déchirer sur la lumière. Il nous a fallu consentir à ce qui vient après le premier cri obsolescent et accepter la mutité du rêve qui lie deux mondes opposés.  

 

Nous avons parcouru le vrac de l’existence dans la posture d’un premier souffle qui nous a démuni des siècles d’éclairs et d’immenses grondements. Nous sommes là portant sur nos têtes le lourd chanfrein des combats perdus d’avance comme des échos bardés de nos figures molles. Nos masques découturés de leurs résonances première. Que pouvons-nous dire qui ne soit pas déjà texturé dans les fibres du temps ?  

 

Nous sommes vivants de nos morts éculées, de nos tumultes crucifiés. Nous sommes des partitions aux notes fabriquées dans les torrents tumultueux de feux grégaires. Tes yeux ne sont pas des yeux, tes mains n’ont pas de doigts, ton cœur est mon tombeau.

Mais après tout qu’importe. Je t’ai connu et je t’ai reconnu ; le virtuel est notre seul refuge. On s’est reconnu dans l’odeur des braises, dans le crépitement de l’univers qui nous a conçu. On s’est serré l’un contre l’autre comme des lianes inséparables.

Nous sommes une chute qui n’en finit pas. Un assis-debout permanent. Une charge détonante gueulant et maudissant le sort.

 

La torpeur lourde du sommeil profond est occultée par la lumière du rêve. Les ombres transformantes déforment la réalité et nous congédient de nous-mêmes aussi sûrement que nous feignons d’éclairer nos chemins de conscience. Il nous suffit de grimper sur une échelle pour s’apercevoir que notre vision du monde se modifie à chaque barreau escaladé sans que ce dernier n’ait sourcillé d’un infime changement. (dixit)

Les ombres se gondolent et changent d’aspects. Le réel s’éprouve des dimensions qu’on lui accorde. Et, nous sommes là, dans ce précipice où rien n’est saisissable.

 

La cataracte fumigène qui embrouille notre vision nous construit sur ce que nous percevons. La mort est le bras de mes projections égocentriques telle une fin en soi, une fin de soi, un serpent qui se mord la queue. Elle est guenilles posées sur le comptoir des espérances à retrouver son corps d’enfant, sa vie d’enfant, sa soif d’enfant, son rêve premier.

Parmi toutes les pensées qui filent quelques-unes perdurent comme des sources inviolables et impérissables. L’aube se crispe elle-même lorsque la lumière réchauffe la nuit. Mais, il fait froid. Et, l’interstice est glacé.

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Commentaires
N
Ce dont je me rends compte en te lisant B., c'est que je croyais avoir mis un point, ou quelques points de suspension à Sa disparition. Je sais qu'il n'en est rien...je sais avoir souvent pensé " qu'importe, je t'ai connu et je t'ai reconnu"...puis je me suis souvent dit " qu'importe, je sais, je sens que tu es là définitivement", puis " tu vois, je vais mieux, j'ai réussi" et juste après, "puis, en fait non, je ne vais que si tu es là, alors sois là encore un peu, même un tout petit peu"...te lire rehausse en fait autour de mon coeur tous les ors que j'ai tenté de recouvrir de lagunes fermentées...te lire me donne envie de laisser s'ouvrir plus encore les tiroirs que je tiens fermés avec les dents mais la peur est là, puissante et criante qu'il ne reprenne une place suffocante, manque d'air, trou d'air alors que je suis en plein dans la vie...te lire me prouve encore une fois que je ne sais rien, mais alors rien du tout et que peut-être ça me rend libre.<br /> Amicalement B.<br /> Nath
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