Défriche.
Le hasard s’est organisé. La providence qui jadis brillait sur l’herbe a envahi nos visages. Et, nos mains sont devenues l’asile de nos silences. Tu marches à mes côtés. Ensembles, nous ouvrons la voie à un destin inconnu. La lutte contre la perte s’allège. Les années passent sans que le temps s’imprime.
Derrière nous, des moutons noirs sèchent comme des reliques suspendues à l’étendage. Une fine pluie recouvre les mots de l’orage. Nos yeux sont maintenant des lèvres joufflues où la parole est un regard. Devant nous les mots n’ont plus d’arguments. Nous tissons une nouvelle paille. Nous entremêlons l’avenir à sa conquête et nous cousons les heures peintes sur le tableau de nos défections.
Remplis d’amour nos os sont des surenchères qu’il faudra troquer. La poussière d’abord mélasse engoncée dans nos trous noirs a maintenant franchi le seuil des empreintes anciennes. Nous échangeons des sourires réparateurs. Le recueillement nous a prêté sa tunique et nous avons pu réhabiliter le jaillissement de nos cœurs.
Paroles, paroles, paroles… Le temps a forcé le printemps. Nos bourgeons naissent sous nos peaux. L’écharde a fondu. Je me penche sur l’horizon et sur sa ligne arrondie le baiser qui vient est recouvert d’un accent circonflexe qui marque la disparition. Tu m’approfondis.
Nous habitons la tentative comme le soleil et les nuages jouent à qui perd-gagne.