Cerbère figuratif.
L’heure s’échappe, victime de s’être comptée. Une ligne se courbe et l’horizon tout entier s’épluche comme une olive noire. C’est la fourrure de l’avenir qui s’en retourne sur ses pas. Oui demain vient rendre visite à cet œuf de perdrix nichant dans les songes ouverts comme le sont ces champs de sauterelles, comme le sont les prairies que dévorent les moutons (ou le contraire).
Brève, tu seras brève et chiffonnée. Tes manches sont trop courtes et la tentation du gris est trop violente pour le blanc où danse le silence. Ta figure est jaunie à force de poursuivre le soleil. Pose donc tes sourires aux pieds de nos misères, nous découvrirons bien assez tôt la paille de fer qui récure l’illusion que nous souhaitons salvatrice. Car le réel n’est qu’une pommade absorbante à la censure des vies. Une cire aux récoltes de nos sens, une épilation cutanée de nos désirs enfouis.
Je ne témoigne pas, je ne raconte rien qui ne soit vrai, rien qui ne soit authentique. Je m’appelle dans l’ébruitement des âges et des arbres. Rien ne se crache par la voix. L’écriture ensevelie le monde à la toute petite expression d’un dire soumis à ses prisons. Le mot est définitivement la mort qui ne sait pas mourir. Aller c’est comme venir. Tout est la simagrée d’un devenir qui n’a d’yeux que pour pleurer, et je m’égoutte comme un clair-obscur qui ne pourra jamais se défaire de l’histoire qui ne me convient pas. Tes yeux et ta bouche seront l’écorchure et je ne serais qu’une toile à tes pinceaux.