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LA COLLINE AUX CIGALES
7 décembre 2010

^^ - V - ^^

PEBY002

Le manque qui accable n’est plus une déficience, mais une pauvreté inabreuvée qui nous terrasse. Affligés par de sombres afflictions, des tribulations désaffectées, nous ne pouvons plus que déambuler, misérables, condamnés à la réduction et à l’étroitesse de notre capacité à exulter la douleur par la révolte. Et, cette dernière peut nous posséder totalement, nous envahir comme une mort latente bourgeonne peu à peu dans l’enthousiasme inique d’une inflammation grandiloquente infusant ses brouillasses et ses fadeurs autodestructrices.

Je condamne la mort à nous digresser et à s’entêter de sa fatalité. J’accuse cet abysse ténébreux d’être réfugié dans ce condom ulcéré de vie. Néanmoins, ne rien savoir de l’avenir qui termine sa course d’acrobate cascadeur dans l’accident, n’engendre pas forcément la peur. Et, je veux croire qu’ici l’ignorance rime avec insouciance par delà la peine et la crainte. Oui, il me plait, vois-tu, de soupçonner le vide comme l’élément d’anéantissement parfait et non comme l’aboutissement final. Je ne saurai jamais rien de la mort, car lorsqu’elle sera là, je ne serais plus vivant pour la concevoir. Or, vivant je savoure l’idée d’être impérissable. Je veux m’épuiser à vivre et à sentir toute la précarité de ma situation, car c’est bien là que je perçois le plus de douceurs troublées. A défier le néant, je m’oblige à être et à créer. Je m’oblige à admettre la fragilité comme une force, une puissance fondamentale par laquelle il m’est possible de m’énucléer de tous les gouffres sordides et de m’abandonner à ma seule fêlure identitaire, à mon fracassant hiatus personnel : le noir plus noir que tous les noirs réunis. Celui qui nous conduit tout droit à la lumière aveuglante de la légèreté et à l’absence de soi dans un univers illimité.

Venir à toi, dans cet espace infini, me grandi, m’émancipe, m’évade du monde connu, et me libère du poids de mes faiblesses en m’accordant une consistance jusqu’à lors ignorée. Et, délester de la privation, je suis un homme neuf. Je suis un simple vivant à l’alternative de la mort qui clignote à chaque croisement, à chaque départ. Alors, il me plait de la regarder du bout de l’œil comme le berceau de paille et d’éclats que j’ai quitté lorsque je me suis évadé du trou noir où le néant repose. Lorsque j’ai transmuté la matière pour incarner l’espoir rose du nourrisson venu affronter l’indécence de la lumière, et la fourberie de l’aléatoire collant à chaque vie. Des siècles d’abstinences couchés derrière moi. Une patrie de froideur et de vide que je retrouverai fatalement au bout de l’aventure comme un jeune enfant ne peut s’éloigner trop longtemps du sein de sa génitrice. Qu’importe l’échéance et la durée. Une vie bien pleine, n’est-ce pas la somme d’amour qui nous transporte ? N’est-ce pas la disparition momentanée de toute inertie et de toutes sensibleries ?

La mort est un cri d’alarme. Une fusée lancée en quête d’étoiles inconnues et de collectes affamées. C’est une idée incendiaire qui accoucha la vie. Nos morts sont alors le tunnel par lequel nous pouvons encore nous rejoindre, nous tenir debout dans la péremptoire souveraineté de la pensée. Nous y aurons le visage de nos bonheurs. Tu verras, nous aurons le sourire béat des enfants le matin de Noël !

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Commentaires
B
Oui, il me plait, vois-tu, de soupçonner le vide comme l’élément d’anéantissement parfait et non comme l’aboutissement final.
S
Si tu veux bien B. , moi, j'attends un peu pour pénétrer dans ce couloir.. Parfois, ici, aussi, dans les flaques de l'ombre, je cueille une goutte d'espoir..
B
Merci à toi de cette sensualité réceptrice. Les mots qui racontent ce qui ne sait s’exprimer en soi, à l’intérieur de soi, je crois qu’ils incarnent une forme d’ouverture attendue et souhaitée. Mais, la délivrance ressentie est aussi éphémère qu’une bulle de savon qui danse avant son implosion. Plus loin encore tapi dans l’ombre, l’exutoire joue avec les paradoxes et les antinomies. La délivrance est un leurre. Il faut digérer. (sic)
I
Quand les mots coulent ainsi, fluide comme l'eau lumineuse de la rivière, lorsqu'ils ne se censurent pas et remplissent des lignes et des lignes, j'ai l'impression de pouvoir vous toucher, gros bisous.:)
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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