Douter jusqu’à pressentir.
Il convient de se dépouiller de l’homme incubé à la chair des outrages et des lâchetés. Nous devons laisser choir tout ce qui se résume de la pensée et de son acquiescement. Il nous faut entendre seulement l’ébranlement de la raison qui s’effondre. Le cœur, lui-même, bâtit ses fondements sur les blessures du doute laissé en amont. Aimer sans raison. Nous devons éradiquer les forces contraires, les oppositions. Il nous faut s’incliner à la vérité, même lorsqu’elle semble fausse, et répudier l’inexact malgré l’évidence qui lui confère une tonalité franche. Car pour faire confiance à l’apparence… mieux vaudrait, ne crois-tu pas, être habité de l’invisible manteau de l’émotion-source où naît la rage et la révolte. Parce que douter, c’est créer. Parce que douter, c’est mourir quelque part et renaître plus loin. Parce que vivre sans opinion, et délester le courage du jugement, c’est, sans aucun doute, accepter de l’instinct et de l’intuition l’influence naturelle de nos imperfections. Et ici, je voudrais avec toi supposer que nos faiblesses sont nos trésors. Parce que la douleur nous impacte autant que la joie nous libère. Il faudrait apprendre à supposer d’une rivière sa source et de sa naissance une autre naissance plus reculée. Il nous faudrait remonter le cours des choses jusqu’à pressentir l’union qui nous y ramifie.