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LA COLLINE AUX CIGALES
28 novembre 2010

^^ - S - ^^

picasso_la_femme_nue

Une cascade de lumière s’échoue dans le buvard de nos herbes, et tu te déverses comme un torrent en crue. Tu ensevelis toutes les berges où des oiseaux blancs s’envolaient et traversaient nos garrigues recouvertes d’un ciel de décombre et de démolitions sans vacarme. Ils n’ont plus de corps et nous ressemblent. Ils survolent le vertige qui s’engouffre dans nos coeurs serrés des mailles étroites filtrant nos attentes comme une infusion de thym odorante. Nos breuvages suintent sur d’inconsolables courbes, mais nous survolons l’entrave et suffoquons des brasiers dans lesquels nous avions jeté nos mauvaises saisons. Nous émergerons plus loin dans le cambouis de nos sources fluettes, scindés à l’embrun de nos effervescences restées intactes. Nous fermerons les yeux pour nous attacher au jaillissement. Nous capturerons doucettement les discrètes lueurs qui s’étirent comme un corps au sortir du sommeil. 

A présent, nous nous effeuillons de nos misères tombées comme des ruines de particules de peaux mortes et nous habitons nos résurgences comme des moinillons habitent leur nid, une faim irréductible, estourbie au taraud de nos fuselages. Nous becquetons nos plumes pour mesurer la vitesse du vent. Nos épidermes s’attardent dans l’ardeur douce des somnolences duveteuses et nous sortons de nous-mêmes, quittant nos coquilles pour être nus de nos voix, nus de nos gestes où s’improvise un préambule à nos pitiés, à nos solitudes, à notre oisiveté crue, démantelée comme un alexandrin de fortune. Ici, tu l’entends, j’en suis sûr, s’échappe un ersatz de nos ventres ébréchés. Une pure bouffée blanche s’évade de nos circonvolutions. Une spirale aspirante où s’agite la faim renouvelée sur le buvard de nos apostrophes.

La désespérance est un soldat à la bataille de nos rêves que l’éveil soudain fracasse. Seul l’inouï défroque les morsures du quotidien en des chairs d’émerveillement.

Tes jardins d’ouates regorgent d’ingénues méticulosités que j’affectionne, tout particulièrement. Ce qui dure des années c’est le secret plissé de nos refuges à nous dire des mots que l’on n’entend pas, des charabias incongrus dans les foins sans cesse renouvelés, réitérés, et corrigés par nos désirs inépuisables. Nous ignorons l’amour que nous ne connaissons pas. Sa grandeur est notre impuissance. Nos expériences s’émeuvent, nos sentiments s’écornent, mais nous restons défaits et dénudés face à ce qui nous parait une adversité rugueuse, grenue, tant pour aimer il nous faut nous évincer, nous distancier de nos échos et de nos calques à nous griser seulement de nous-mêmes.

A rechercher l’ivresse, il faudra nous saouler à la terre qui nous a donné le jour, à ce berceau de fibres que les racines gonflées de temps font sortir du sol au grand jour.


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Commentaires
B
Ouille : L’existé est déjà pardon de nature.<br /> « … ce matin le soleil était haut et clair, et le jazz était revenu. » L’enfance n’a pas d’âge. La joie pas de loi. L’existence jouxte l’insatisfaction. Nos soupirs chassent le temps qui nous échappe.
B
Je crois qu’il s’agit d’un simple radeau inaguerri à la turbulence des eaux. Mais de toute évidence, il flotte. Encore.
S
En tout cas, ton bateau rempli de mots n est pas prêt de prendre l eau. Il est construit avec toute la violence de tes pensées parfois plus renversantes que la houle de l'océan...
B
Merci Renaud, je suis touché par ton commentaire. Même si je n’ai pas la prétention de cette comparaison.
R
Il y a un rythme et des enchevêtrements dignes<br /> du bateau ivre.J'aime cette cadence à la fois déjantée et profonde.Merci.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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