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LA COLLINE AUX CIGALES
16 octobre 2010

Je ne sais plus de qui ?

Une envie de répondre comme si réponse il y avait… virtuelle.nu_de_dos

Longtemps dans l’enjambée des heures elle ne trouva qu’un pâle reflet à son visage fantôme… Une envie de répondre. A l’errance des conjonctures superposées aux aléas capricieux, son écho resta engouffré aux rimes impossibles de son chemin de croix. Chemin de lamelles et de copeaux, chemin piégé aux détonateurs de l’audace et des peurs.

Figé aux soudures immobiles du sans repos, le bafoué danse encore comme un simulacre, un lémure tourmenté. L’immergé est aux substances défroquées comme une île effondrée sous la mer où les coquillages sont des canons de vertige. Le néant prisonnier du chaos, c’est ce vide abyssal qui offre de ressourcer les peaux déshumanisées, ondulant sur la ouate des chagrins, épuisant les vagues où se décharnent les combats perdus,
le trop perçu des batailles où brillent nos solitudes.

Là où la parole pèse une vie, le discours s’effondre pour ne dire que la pitié qu’on s’accorde à accepter sa
faiblesse. Vulnérable de soi autant que des autres et du monde, nous habitons la chair de nos ombres et le désarroi de nos lumières.

Le silence gronde des souffles assassinés, résonne du suicide des bouffées expiées, et s’exclame des soupirs préservés aux mémoires alourdies, écornées et phagocytées. Un mot recouvre l’autre et la superposition succède à l’amoncellement creusant la lassitude jusqu’aux cicatrices mal cousues, jusqu’aux larmes des miroirs brisés.

Le libre arbitre consent son sanglot et s’égoutte au destin comme un linge trop mouillé, trop sali, trop fripé pour encore servir de voile. Nos regards sont des éponges et nos mains des cartes du tendre aux lignes effacées. Nos voix convoquent l’émotion où s’évadent en corolles les volutes et puis on se disculpe de nos pas qui se frayent un chemin parmi nos ruines. La cendre humide colle à nos paupières. 

A n’être que la chair d’un seul monde on en oublie tous les autres. Sous nos pieds les oreilles du ciel écoutent ce qui s’écrase. Des milliers d’étincelles clapotent et la braise meurt pour laisser la flamme nous dévorer. Nous sommes la brûlure vivante qui
saigne de nos soifs à boire les étoiles comme des calices d’amour offerts aux miracles. En fait, la réponse c’est sans doute nous. Nous, de ce que nous sommes à advenir de nos mémoires.

Je crois que l’on meurt à l’étreinte des eaux, dans le recommencement des gestes premiers. Le cri en est un. Je crois que l’on meurt aux plis des entendements devenus des prêches de certitudes, des miroirs voilés, des rêves sans effets. La parole en fait
partie. Le mot est une fiction pathétique. Je crois que l’on succombe de ses croyances avouées, rétrécies d’une seule et unique appréciation réfutant la diversité et l’amplitude du monde. Je crois que l’on meurt, serré à l’étouffement de ce que le doute aurait traduit par l’interrogation d’un sans réponse. La morale en fait partie.

Douter. Il nous faut bien ronger un peu cette existence de témoignages affirmés et s’accepter de la confrontation du regard de l’autre corrigeant nos propres exigences. Mais que la mort vienne dans sa chute désespérée. Qu’elle tire, avec elle, les traits incolores qui n’ont pas marqués le ciel d’une saillie pénétrante. Qu’elle repose là, dans le trou profond des évidences assurées de leurs bonnes figures.

La vie maraude et chaparde, creusant dans le masque même, d’autres masques plus petits et plus insidieux. Dans le doute aussi tout est possible, il suffit d’avancer les yeux fermés devant le risque. Ecouter le pressentiment raconter son histoire, et dans l’erreur trouver la vérité où se critique le juste. Chaque doute est une pétition qui remet en cause l’ignorance.

Le doute. Il se mettrait à danser tout doucement comme des ombres chinoises prolongent sur les murs les mouvements que cintre la lumière. Une ronde d’hypothèses viendrait saluer les choix encore vides, juste caresser les rides potentielles, les traits déjà tracés par d’anciennes courbes. Une ballade quelque peu libertine où l’idée s’allongerait dans le foin ouvrant au hasard ses lèvres de désir inachevé. Dans ses guêtres rigides l’affirmation entamerait sa poursuite cherchant le point de l’ombre qui lui faudrait blanchir. Une nappe de gris fluette mais obstinée danserait sa valse de secousses et ferait tout pour se rendre intéressante.

Dans le doute, la frise du ciel ne s’écarterait pas de celle de l’océan, prolongeant l’horizon à l’infini des mariages, chaque couleur épousant l’autre.

Un instant on entendrait grelotter le silence fragile de l’évanouissement.

On voudrait tout effacer, tout gommer, reprendre le souffle de la craie sur le tableau. On voudrait douter en étant sûr que l’écriture reprendra, recommencera à inscrire en lettres droites et régulières, la cadence des mots sortis de leurs larves. On attendrait les yeux baissés, l’haleine ralentie, qu’un signe nous appelle. Mais il serait
tard, fort tard, trop tard, et le poison des certitudes ferait son office. Et le doute comme un tombeau inexorable ouvrirait sa porte. La mort formelle planerait comme un nuage dessinant des visages, des milliers de visages, connus et inconnus. Le doute serait debout, la faux à la main prêt à trancher à la rigueur de la ligne de Sol, la note intruse qui répudie la pause. La harpe serait sous les paupières et les étangs asséchés offriraient leur lit de sel aux oiseaux. Au dessous des rires du sarcasme une brisure fine, une étagère gondolée, un dictionnaire de proclamations devenues lancinantes comme une fièvre qui engourdie et dont on cherche à se débarrasser. 

On entendrait encore quelques mots comme les dernières salves d’un dépôt de munitions en brûlis. Un dernier écho de résistance à la sûreté du dire. Il se lèverait puis s’effondrerait comme disparaît un fantôme dans des cercles provisoires et inondés de malice, le vent portant la dernière estocade. 

On entendrait claquer les portes du cimetière, et une chevauchée sauvage galopante dans les marées. Nous serions sur le départ quittant l’embouchure des sans issues. Nous marcherions dans la véracité des cris, des paroles et des morales, ni repus, ni affamés, dans l’indolence des rigueurs sans leste. 

Et puis, on observerait dans les yeux du silence l’attente qui sommeille.

A la confluence du don, à la jonction du pathos, aux convergences des survies : l’autre que la pensée dévisage et que le cœur traite comme un encombrement, comme une surcharge nécessaire et utile…

A l’amour, à ses sentiments, ses perceptions, ses émotions, la manifestation d’exister dans la vie, dans un réel perturbant et perturbé… A l’amour, à son état d’être qui nous renvoie inéluctablement aux joies les plus fertiles, les plus fécondes et au désarroi imperturbable des effrois, aux douleurs de notre permanence à être.

Aimer et prendre conscience.
Aimer et se sentir emporter tel un bout de bois, un bout de soi, sur lequel on a planté une voile. Nature à la dérive, parcourant les océans prégnants de l’intimité, de la fleur de soi, dans le déliage de nos héritages, dans la tourbe ferreuse de nos fondements, dans nos conversations silencieuses : aimer. Aimer jusqu’au destin des langues dans la transmission des pensées de chair, dans l’amour de soi et du monde.

Besoin compulsif de me laver par le feu, besoin des blessures de l’autre pour émanciper les miennes, besoin des vies qui m’entourent et qui me disent, aux creux de mon tendre, toutes les promesses d’où peuvent naître la menace.

Besoin du spectacle de tes yeux, des réminiscences de ton souffle, besoin de partager cette ressemblance dans laquelle s’engouffrent la peur et la crainte, besoin de me fondre pour oublier un moment que je suis seul. Seul de mes méandres, de mes traces
crevassées, de mes contradictions à paraître, de mes fracassements sur la roche des rives hostiles. Seuls de mes fragments et d’autant de sarments de vigne où le vin se récolte comme une lie ostentatoire.

Dans le prépuce de ta voix, le murmure qui susurre la blessure qui te nie et t’adule, le son premier, original, où s’ajoute le refus, la révulsion et le malaise d’une unité
revisitée par ta langue, par ton tremblement, par la déchirure des échos où résonnent les similitudes. T’aimer est la rencontre de ton énigme. Tu es mon risque choisi, ma défenestration consentie, dans cette approche où l’infinitésimal se conjugue aux plaies et à l’espoir des cicatrices. Tu es mon attente précieuse où se dénoncent mes fripes et mes cartilages inhabités à la frontière de mes certitudes encore incertaines. Tu es ma quête à l’absolu de mes prières. Il y a dans toi mon consentement à mourir. Sinon, la nostalgie où s’égare le décisif de moi-même.

Ma vérité est dans ta vérité, au-delà de toute vérité. Fusion incongrue où s’efface la couleur pour dire le goût de la couleur. Tu es cette réduction par laquelle bizarrement je m’amplifie. Source des sources où tout ce qui est faux devient un vrai
possible.

Aimer m’affirme de ce qui se détruit en moi, de ce qui me dépossède en me possédant d’une puissance immaîtrisable. Tu es ma meilleure fuite, mon grenier à étoiles, ma cave à explosifs, ma lueur incarcérée au bout du rêve qui s’incarne.

Ton cœur est ce regard qui me dépouille, m’oblige à la nudité des paradoxes, à la contrariété des oppositions, des contradictions insoumises aux sentiments qui ruissellent comme des poussières de délestage, du nettoyage du sang qui transporte mes siècles à te chercher, à te consentir.

Dans l’humaine saga des friches et des rituels, l’audace te gravite comme un papillon blanc que la neige absorbe. Si tu savais combien je redoute ta caresse, si tu savais combien je me plie en minuscule et me déploie comme les plumes d’un faon…

Communion du soupir des effluves, le voile discret d’un voile de rien, la réponse aux doutes vénéneux, la brise parfumée d’une liqueur sans liqueur vampire de mes soifs. Le filigrane est l’ornement de tes courbes qui révèle l’union où s’atteignent les oripeaux irréguliers dont ma langue cherche par delà le sacrifice à te dire l’acceptation.

Anesthésiée, éthérisée, l’idée que l’on a de soi se suspend à l’immobile de la raison, alors que nous sommes un perpétuel mouvement. Alors que nous sommes la mouvance gluante des ciels ramassés.

A l’implicite des trêves, dans l’abandon impertinent du courage et de la bonne foi qui préfère la fuite et le sophisme des rêves… chloroformé le temps généré de réel vacille. La déception est l’instable des griffes de l’avenir. L’incision du passé où se répand l’impuissance à nos défaites, nous déroute à la suspicion tenace, à la
prévention forcenée, à l’épuisement de l’incertitude avant de nous confier, confiant à toutes hypothèses d’escapades. Paradoxe, nous ne nous habitons jamais vraiment, jamais entièrement, nous sommes au-delà. Dans la fenêtre du doute, nous filtrons les aiguilles de pins obstruant et piquant nos chairs.

Je m’essaye de moi-même à longueur de temps. Expérience convaincante ou pas, ce n’est qu’à l’extravagance que je dois de ne plus traîner et languir de moi. On ne peut se réguler au détestable de soi ou au désarroi qui nous habite. Partout où je me résilie, je me remplace par d’autres éphémères. La durée c’est seulement la continuité par laquelle je me pense. Tout au long de l’aventure d’existence je me renvoie au relatif dont le fil se déroule dans la précarité du fragmentaire de l’instant.
Une pensée désagrège une pensée comme une théorie ruine une autre théorie moins
fondée. Une théorie ne souffre pas l’amertume. L’expérience du je est titanesque. Le nous encerclé de l’intérieur habite la fable.

Ma seule liberté loge dans ma folie, dans l’inconscience qui épure, dans l’étau d’ermitage où seules les fêlures crissent comme des cigales d’injonctions. Là, exactement là où s’épouvante ce qui asservie, là où transpire le songe qui s’enfante.

A me consulter du jour neuf, à grignoter les promesses de vie, à soustraire de l’anamorphose l’ordre pré-donné et pressenti des formes du langage, mon dire est le temps rejeté, la voix renonçant qui me dit.

Et pourtant… Dans l’égarement de nombreux éclairs, dans l’abyssal de tes vides, le floutement des polémiques qui inspirent l’acte jusqu’au mimétisme des souffles. Je ne saurai te dire au-delà de ce que je sens, et cependant, chaque halte, chaque pause, chaque répit, te ressemble comme deux gouttes d’eau inscrites dans l’apaisement de ce que le probable ne saura jamais justifier.

Mon cœur est un anneau. Une cercle rompu aux tournis de tes fresques et je ne puis être fou autrement qu’agripper à tes volutes. Et, je puis suivre toutes les cascades de tes yeux sans déraisonner d’une vaillance qui m’emporte, me transcende à une mue profonde qui dévisage ce rond dans lequel je plonge le cœur en avant.

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Commentaires
B
L’évidence n’est qu’un réel apprivoisé. Sans quoi, il dépossède nos raisons.
V
Les évidences en tant que telles compromettent à moins d'être masquées.<br /> Bien à vous
B
Je te remercie de cet œil avisé. Amitié poétique, quelle belle expression.
S
probablement. Amitiés poétiques
B
Suis-je un risque ? Suis-je le risque de l’évidence qui compromet ?
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