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LA COLLINE AUX CIGALES
24 septembre 2010

Un hiver au désir de l’été.

Nova_Era

Dans un silence de neige, voûté par trop de récits, mon être a dépensé plusieurs vies qui sèchent sur le fil d’un temps qui n’existe pas. A tendre inlassablement vers une réalité modifiée, subjuguée par l’expérience qui la porte, me voici dans l’appointement des heures augmentées de prononciations égotiques et marginales, de gorgées de solitudes brillantes comme de la cire, de fantasmes édulcorés, de grandiloquences de beauté jamais touchées.

La nuit est crevée d’une étrange lumière… Est-ce cela le clair-obscur qui vendange à la nouveauté, au neuf, à cet état de joie vierge ?

Dans le boisé de l’esprit, une écorce de bois fin recouvre l’éloge des sens que le corps n’a de cesse de revendiquer à son extension, à son développement, à sa perfection inaltérable. La chute du jour dilapide toutes les retenues et dans les écluses du ciel, dans le bordé de l’esprit comme un vêtement des heures enregistrées, mémorisées, l’écume moutonneuse bave comme un escargot asséché.

Couché sur le flot des images passantes, j’aime à piocher ton visage comme on tire un joker dans une partie de cartes. Il me plait de faire grincer mes pensées sur les joues du hasard.  

La canopée d’images s’imprègne de la volupté de la nature à ce monde évidé de toutes les surtaxes de la raison. Comme un oiseau libre dans un ciel sans réserve de passé et d’avenir, caves et celliers privés d’épargnes, les visions chutent en cascades ininterrompues.

La peau taillée se referme toujours. Les chairs se rejoignent, se couturent, puis se referment comme des coquillages où demeurent blottis des souvenirs frémissants, ne laissant à la vue qu’une cicatrice, une morsure sèche, un long trait verdâtre que le soufre recouvre de son altération irrémédiable.

Il n’y a qu’à inventer… Inventer la vie comme une mort supposée, inventer le cri primal et le cri dernier. Inventer le temps comme une horloge de lumière, un tronc à la dérive sur un fleuve puissant, une allumette allumée sur l’instant qui noircit. Inventer en dehors de l’épreuve de l’écoulement, une dégustation du jour où plus rien ne plie, où tout s’ouvre comme de frêles pétales de roses. Faire basculer la réalité à la proximité de son rêve pour le conduire à devenir, à être le poumon, le filtre de nos respirations incontrôlables.

Ta mort s’est installée dans la pensée de la vie. Aujourd’hui, ce qui reste par cette fenêtre pas encore refermée c’est l’émotion. Le goût d’une joie profonde exprimée sans frontière. De la même manière que dans cet arbre où je regarde ce vert dégradé en ocre vivant l’automne qui arrive. Tronc gradué d’heures écoulées, érigées vers le soleil maître. Tige tenue droit par la lumière. J’aurais voulu ordonner mon être sur le rythme du temps. Mais, il a filé. Le leurre s’est introduit dans l’évidence. Le temps n’existe pas. L’existence tricote ses mailles et nous veloutons le vide pour qu’il résonne d’une musique plus douce que nos seuls grincements.

Je crois m’abandonner alors que je n’abandonne rien. Mon corps glisse dans ma conscience et réciproquement. Hormis quelques résiliences, l’esprit qui souffre laisse le corps subir. Pour s’abandonner, il faudrait se livrer sans résistances. Or, mon instinct me condamne à sa soumission, il m’active à sa propre déchéance. Et toi, visiteuse de presque tous mes instants, bossue de nœuds trop lourds interdisant le repos du sensible, ta présence cloue l’espoir baladin sur le cimetière roussit où les fruits qui n’ont pas été cueillis tombent comme des pierres éclatées de désespoir.

Penser n'est pas un état mais un acte. Te penser est toucher le vrai déchirement des ombres ténues. Chairs pentues, craquelées d’ecchymoses incompressibles, t’admettre en moi nécessite la réconciliation de la souffrance et du bonheur en un unique et ultime bond invité à fusionner avec l’essence du chaos et du non-être : celui de l’inappartenance et de la dépossession de toutes choses.

Je suis seul de tous les souvenirs qui m’inondent. Le lieu du monde que j’occupe fait du désir une force d’exclamation à soulever toutes choses au-delà des strictes limites de l’apesanteur.

Déchiffrer en quoi je suis déterminé à habiter avec toi ce monde et cette vie me permet de survoler le charroi d’ébranlements d’où je viens. Ce tissu moiré de digressions pour une pensée nomade et pour un cœur branlé d’émotions coûteuses. Dans le bruissement de toi, je me reconnais tel une vague confessant le ventre de sa mer. Veiné d’amour, mon temps est un écho blanc où sommeille le sel de mes sédiments entreposés à l’abri des tumultes et des tempêtes.

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Commentaires
B
"Préférer fouler les sillons de tes passages sur la marelle de tes jeux d'espérance."<br /> <br /> Nous voilà dans le cognement du réel et du virtuel. Là où l'illusion n'est plus forcément un mensonge, une tricherie, mais une évanescence complice rivale de la raison estropiée.
B
Voles, voles donc.<br /> Car nos interprétations engagent nos filtres à appréhender nos vies. Elles transforment nos êtres, et elles usent toutes les vérités pour n’en consentir finalement qu’une seule : la nôtre, prédominante et prédatrice.
S
Et à ce temps qui n'existe pas, je vole un arc-en-ciel pour abriter la liqueur de vos mots.
B
Merci M de ta gentillesse et de ton passage.
M
Tu possèdes une très belle plume .<br /> <br /> Ce texte me plait beaucoup et certaines phrases<br /> me laissent songeuse .<br /> <br /> Bonne continuation !
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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