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LA COLLINE AUX CIGALES
15 septembre 2010

Le Toujours indéfini de toi et moi.

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Le passé a semé sa trace indélébile sur le vibrant de l’existence. Les événements moulus comme des épis de blés murs ont laissé une fine couche blanchâtre sur le rouge de nos sangs récurés. La mélasse farineuse supporte mal qu’on la remue. Elle trouble alors la clarté à venir comme elle brouille celle d’un présent immédiat, aveuglé des brumes feutrées de la mélancolie. S’en débarrasser nécessite l’apaisement prodigieux des limites de l’âme où des parenthèses géantes enveloppent la moisissure qui se propageait comme un lierre asphyxiant un tronc d’arbre, puis l’arbre tout entier. Dans un repos complet de pierres sèches se décante peu à peu une lumière bleue. Un apaisement qui offre aux trépidations ardentes de s’estomper et de s’amenuiser. Dans la halte bruineuse, l’apparence qui se dévoile est cette par d’être qui refuse de céder à ses charges émotionnelles. Comme des yeux sans paupières, tout se dit entre la lumière et sa brûlure. Tout pénètre… qui s’enfuit plus doucement qu’une parole de papillon à l’envol souple et fugace. Le tatouage est inscrit dans l’air. Le voyage de récalcitrantes initiales se ponctue par des points qui ressemblent aux gouttes d’eau devenues tartre. Et, l’écharde blanche dans les veines du temps projette nos ombres superposées.

Le hasard, comme une effluve d’inconstances rituelles, plonge l’instant au creux d’une alcôve où le temps n’est plus une attente, mais un devenir à déployer.

Toujours : c’est l’incertitude du renouvelé, l’indétermination du mouvement transitoire dépeuplé de parodies et de paroxysmes latents comme des flambeaux de durée où plus rien ne fustige la perpétuité. Toujours, s’embronche le pas à la résistance des assauts de la diversité mutante.

Une chute qui n’en finit pas. Un assis-debout sans rancune. Une charge détonante gueulant et maudissant le sort.

La torpeur lourde du sommeil profond est occultée par la lumière du rêve. Les ombres transformantes déforment la réalité et nous congédient de nous-mêmes aussi sûrement que nous feignons d’éclairer nos chemins de conscience. Il nous suffit de grimper sur une échelle pour s’apercevoir que notre vision du monde se modifie à chaque barreau escaladé sans que ce dernier n’ait sourcillé d’un infime changement.

Les ombres se gondolent et changent d’aspects. Le réel s’éprouve des dimensions qu’on lui accorde. Et, nous sommes là, dans ce précipice où rien n’est saisissable.

La cataracte fumigène qui embrouille notre vision nous construit sur ce que nous percevons. La mort est le bras de mes projections égocentriques telle une fin en soi, une fin de soi, un serpent qui se mord la queue. Elle est guenilles posées sur le comptoir des espérances à retrouver son corps d’enfant, sa vie d’enfant, sa soif d’enfant, son rêve premier.

Parmi toutes les pensées qui filent quelques-unes perdurent comme des sources inviolables et impérissables. L’aube se crispe elle-même lorsque la lumière réchauffe la nuit. Il fait froid. L’interstice est glacé.

Renversé, me voilà clapotant sur un domaine dont j’ai un peu oublié l’usage. A force de glaner par bribes et fragments tout ce que relève une intimité scrutée, j’ai négligé trop longtemps le choix de m’en remettre à ce qui est. Les mots mêmes, ces cordes légères et collantes comme des toiles d’araignées, ne tiennent le monde que par le miracle de la vie. Toutes mes trémulations s’enfoncent en des profondeurs insaisissables de sang et de fressure, des gouffres aux arpents glissants. Derrière le masque des jours qui tiennent debout par le seul réflexe du vertical, je sais bien, l’agonie trébuchante qui courbe le temps échu comme des roseaux battus par les tempêtes qui accompagnent toutes les progressions, tous les avancements, tous les pas fortunés d’élans déterminés. Tous les amours sont des batailles, toutes les joies des finitudes éphémères où le temps reprend son souffle avant de continuer sa marche intemporelle. Dételée d’absences, l’existence perd une part féconde de solitude. Ce qui dans la chair a disparu, dévoré par la révolte, l’ennui et la clameur candide de l’innocence, c’est mon monde, mon domaine, mon territoire. Le visage élu de l’autre est le miroir où reflète ma figure déconstruite, nue et désarmée.   

L’ingratitude de l’absolu est dans son absolu.

Le temps perdu est celui qui a échoué sur des espaces sans fond. Le temps perdu est ce morceau de vivant que l’on a essuyé avec nos mains et nos lèvres comme des larmes chaudes lorsqu’on était enfant. Une pincée de durée devenue éternelle au regard de l’éternité. Une perte vierge qui n’a jamais servie et que l’on retrouve dans l’étonnement d’un toucher. D’un toucher d’ondes, d’une caresse allongée tout au fond de la terre qui nous accueillera un jour, d’une parole sans voix où chavire le tendre qui va rejoindre la mort dans son jaillissement nourricier. Le voile des jours, la faim du corps et des peaux affamées, le sourire des joues qui se touchent, le désir et le manque conjointement affalés sur des lumières crépitantes, l’heure trempée dans l’égosillement des abeilles qui butinent à la fièvre des manques, toute la vie accroupie sous les feuillages de la peur, du manque d’audace, toute la vie d’un seul jet blanc aligné en direction de l’infini. Toutes ces pertes ressemblant à des funambules timorées, toutes ces joies qui auraient pu, toutes ces choses que l’on sait perdues, parties, exilées, nous les retrouvons dans la naissance de chaque émotion fendue des foudres d’existences partagées que nos êtres boivent comme des étoiles venues rejoindre les astres hospitaliers de l’amour.

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Commentaires
B
Mais, peut-être est-ce davantage une spirale. Un entonnoir imaginaire par lequel se filtre l’évidence comme une eau impure chargée des milliers de microbes qui dépècent l’histoire d’être.
S
Alors, la boucle est bouclée... dansons ensemble
B
Je serais tenté de te répondre façon Barbara : « les heures passées ne se rattrapent guère, les heures perdues ne se rattrapent plus, … ». Mais, il n’en est rien. Car, les heures vécues voguent toujours à la croisée des heures familières. Mais, il n’en est rien, car sur-Vie la puissance du leste lorsque dénudés nous allons à la claire fontaine de nos devenirs.
S
Où vont toutes ces heures perdues<br /> Est-ce qu'elles survivent ailleurs ?
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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