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LA COLLINE AUX CIGALES
17 août 2010

Je condamne la mort à nous digresser ...

kardon10_26_3

Il ne s’agit pas de traverser la mort comme on le fait d’une ombre plate, d’un tunnel Alpin traversant la montagne. Non. Il faut d’abord traverser les murs qui clôturent et cintrent les dogmes puissants d’une sagesse de raisonnement. La réflexion murée aux antipodes de l’humilité. La pensée réduite à un filament de lumière dont on extorque sans complexe la petite jubilation humaine de la maîtrise, du repli de nos natures excessives, cruelles, égoïstes et lâches.    

Il y a décidemment trop d’excès de vérité dans cette peuplade habitée par les hommes. Toutes les croyances nous enchevêtrent inexorablement à répudier la folie destructrice de la dérision et du cynisme. Une pensée qui guérit est souvent une pensée universelle appropriée par chaque individu qui l’a fait sienne. Et, c’est en sortant du cadre requit que l’on peut sans doute mieux apprivoiser ce qui nous convient, ce qui exalte notre sérénité, notre foi en nous-mêmes, et par conséquent notre adaptation au monde des hommes.

Le manque qui accable n’est plus une déficience, mais une pauvreté qui nous terrasse. Affligé par de sombres afflictions, nous ne pouvons plus que déambuler, misérables, condamnés à la réduction et à l’étroitesse de notre capacité à exulter la douleur par la révolte. Et, cette dernière peut nous posséder comme une mort latente bourgeonne peu à peu dans l’euphorie d’une inflammation grandiloquente infusant ses crasses autodestructrices.

Je condamne la mort à nous digresser et à s’entêter de sa fatalité. L’abysse est dans cette part voilée de vie. Ne pas savoir l’après n’engendre pas forcément la peur. Et, je veux croire que l’ignorance rime avec insouciance par delà la peine et la crainte. Oui, il me plait, vois-tu, de soupçonner le vide comme l’élément d’anéantissement parfait et non comme l’aboutissement final. Je ne saurai jamais rien de la mort, car lorsqu’elle sera là, je ne serais plus vivant pour la concevoir. Or, vivant je savoure l’idée d’être éternel. Je veux m’épuiser à vivre et à sentir toute la précarité de ma situation, car c’est bien là que j’éprouve le plus de joie. A défier le néant, je m’oblige à être et à créer. Je m’oblige à concevoir la fragilité comme une force, une puissance fondamentale par laquelle il m’est possible de m’extirper de tous les gouffres et de m’abandonner à ma seule faille identitaire, personnelle : le noir plus noir que tous les noirs réunis. Celui qui nous conduit tout droit à la lumière aveuglante de la légèreté et à l’absence de soi dans un univers sans frontière.

Venir à toi, dans cet espace infini, me grandi, m’émancipe, m’évade du monde connu, et me libère du poids de mes faiblesses en m’accordant une densité jusqu’à lors inconnue. Délester de la privation, je suis un homme neuf. Je suis un vivant à l’alternative de la mort qui clignote à chaque croisement, à chaque départ. Et, il me plait de la regarder du bout de l’œil comme le berceau que j’ai quitté il y a quelques années, avant ma naissance, et que je retrouverai fatalement comme un enfant ne pourrait s’éloigner trop longtemps du sein de sa mère. Qu’importe l’échéance et la durée. Une vie bien pleine, n’est-ce pas la somme d’amour qui nous transporte ? N’est-ce pas l’évasion momentanée de toute inertie ?

Nos morts sont alors le tunnel par lequel nous pouvons encore nous rejoindre, nous tenir debout dans l’absolu. Nous aurons le visage de nos bonheurs.

Nous acceptons déjà de nous diriger vers le réel qui n’est autre que cette toile d’araignée où nous filons notre toile. Et, nous pouvons en tisser partout où cela nous chante, partout où nous voudrons bien lyncher les fardeaux qui accaparent nos désirs.

Viens, allons à l’autre bout du monde. Allons cueillir dans le paroxysme le délit de notre nature à bouturer les fleurs colorées de nos jardins.

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