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LA COLLINE AUX CIGALES
3 août 2010

Retour à soi, retour à l’effroi du vide.

jean_marie_francius_discretes_apparences14

S’éprouver et se manifester reflète cette expérience de l’existence sans laquelle le cas particulier de chacun ne se démarque pas de l’innombrable. J’ai traversé tant d’images, tant d’apparences, qu’aujourd’hui les couleurs s’empilent les unes aux autres pour témoigner seulement d’une ondée de parfums et de musiques regroupées dans les dédales de mon affect.

L’intarissable creuse mes perceptions. L’inéluctable perche au dessus des moissons et des brassées d’amour déployé et des douleurs ingurgitées par l’aveu d’impuissance, par la transcendance du temps et des lieux où la solitude dégringole des cascades, des rochers, des berceaux de la vie et de ses passages secrets vers la truculence de l’espoir qui dévore le destin comme une pluie abondante immerge les fleurs, les arbres, les maisons, les plaines, et la multitude de sentiers foulés dans la mort avant que se déploie sous mes paupières l’inconcevable de l’illimité déplaçant l’absence chaque fois un peu plus loin, chaque fois un peu plus vivante, au creux même de la vie. Se percevoir soi-même est se rendre compte combien nous sommes aveugles de nos manifestations et combien nous logeons davantage nos ombres que nos corps. 

Se transformer en demeurant le même, s’élire en s’oubliant et en se transportant à un autre soi plus léger, plus étoffé de néant, plus percé qu’un filet à papillon. Et se retrouver à l’inaltérable de soi, dans le vain savoir, l’inculque de sa raison, le plein être dévoué aux sens et à la seule perception d’une identité sans nom et sans visage. Dans l’échoué de soi, derrière tous les remparts des apparences et des émotions éduquées à notre être, aboutir à l’aspect volatile de la méditation de soi. S’ajourner de l’utopie de rêves pensés pour laisser place aux seules images qui déroulent inlassablement sous nos paupières. Participer aux changements sans que la conscience nous alerte des révolutions intérieures. Ici, durant un instant, j’accoste l’évanouissement de la métamorphose. Le labyrinthe offre toutes les suspensions. Et puis, c’est la vie qui nous tire de l’oubli. C’est la vie qui nous menace de sa vérité existentielle. Elle nous enlace et nous déploie afin de nous faire comparaître à son dictat, à l’engeance de ses rigueurs, à la prison de ses molécules déjà incrémentées d’inaltérable, au royaume de son apoplexie. Elle accomplit toujours sans nous demander. Et c’est toujours la beauté qui nous condamne à demeurer. Nous n’en sortons pas. Boucles qui tournent en ronds. Finir se régénère dans le recommencer imperturbable. Sitôt tomber, me voilà à me relever. Sitôt vivant me voici marchant vers la mort. Et tant de supplices accrédités aux efforts à fournir. Tant de capitulations pour aboutir. Tant de chemins dépourvus de joie pour nous contraindre à se manifester à nouveau au nouveau qui nous tend les bras.

Aller à soi par le regard et le dire des autres, aller aux autres dans l’infini capiteux de soi, et s’égarer, se lier, se délier, s’achopper, de dénier, se renier, s’accepter et vouloir. De ce vouloir plus grand que nous-mêmes. Plus impétueux, plus indocile que les éclairs de lucidité, plus fort et plus violent que nos approbations à nous renchérir de nos petites capacités, de nos dons à moudre le monde à nos seuls caprices égotiques.

Enfant déjà je me jetais dans les bras de l’amour. Y trouvant le plus doux des refuges, le plus excipient des oublis à la terreur d’exister. Depuis, les bras se sont transformés en d’énormes étaux de fer dans lesquels je plie à la forme qu’ils m’instituent et aux masques qu’ils me confèrent. Derrière se cache pudiquement et exorbitée à la fois, la peur féroce de m’extirper et de convenir aux relâchements desquels je redoute de disparaître dans la confusion des tourbillons des existences invisibles et surtout dans l’anonymat qui serait sans doute le gîte d’excellence par défaut. Tu vois, ce n’est pas simple. Mais je persiste à m’enrouler à l’idée d’apprivoiser. Apprivoiser les événements et les conjonctures aléatoires qui me départissent et m’élaguent en m’empêchant de m’imprégner de la seule nature d’être et de vivre. J’irai à toi car même. J’irai me compléter de ton absence partout où l’aube pénétrera ce qui s’est perdu, et je boirai au jour la puissance des lumières qui étourdissent le besoin. Et, je vivrai au creux des soupirs du cœur du monde. Accroupi dans l’oubli comme dans une litière d’effervescence propice au sourire de l’étonnement émerveillé.

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Commentaires
B
Avancer vers soi, n’est-ce point avancer au travers de soi, aussi ?<br /> Merci de sonia, pour ta lecture.
S
Le titre résume bien ce sentiment qui nous est propre. L infini abyssal de la connaissance de soi pour avancer vers soi même.
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