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LA COLLINE AUX CIGALES
18 juin 2010

Des brisouvertes concédées à l’appétit…

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Encore là ! Sous les semelles de la terre foulée s’est écrit en des lettres à mille caractères l’urgence de l’inassouvi. Tant d’heures blanches pour ne dire qu’une absence migrante, un chaland glissant de ports en ports. Tant d’heures molles pour ne témoigner que d’un silence approximatif, aux confins des ignorances percluses d’étoiles inconnues. Tant de rencontre avec soi par l’intermédiaire des autres. De tous ces autres aux visages sans regard, aux lèvres fermées, aux joues saillantes, aux vies étrangères.

Et tous ces mots nés dans le manque. Et nos voix moquettées d’abstinence.

Dérisoires vétilles que ces mots habités par l’anecdote. De ces chemins tracés par les tentatives à répondre à l’absolu inexistant, à répondre à la carence. Et tant de paroles lâchées au vent et aux prières pour compenser le vertige des vides qui terrassent. Dire et puis dire, et dire encore… Le débordement, le flux grondant de la vague qui gonfle, le ressac de l’immensité qui s’abat comme une foudre sur l’instant, sur l’immédiateté figée, transite, momifiée à tout jamais dans une coque d’éternité poussiéreuse.

Le temps s’écoule… hier encore dans la fraîcheur de l’herbe d’une aurore naissante et aujourd’hui aux pointes mûries des blés jaunes. Des coquelicots se fanent.

De l’expérience des jours amassés et entassés sur le rebord des mémoires, des grains moirâtes gorgés des soifs de popeline restées ouvertes, béantes comme des plaies aux sutures trop vite cousues, trop vite refermées et qui vont finalement cédées aux turbulences : des brisouvertes concédées à l’appétit inégalé des fouilles intestines qui cherchent comme toujours l’argumentaire, l’explication qui expliquerait l’inexplicable. Le foin quoi !

Le foin des bouches comme des moissonneuses-batteuses, le foin qui resquille le chapeau de paille planté là au nu d’aucun décor et qui recouvre pourtant l’ensemble. Et qui résiste aux vents, et qui fait peur aux oiseaux, et qui se joue de la silhouette qu’il est censé chapeauter.

Que reste-t-il d’une vie de souvenir alors que la mémoire s’oublie peu à peu de ses registres bien classés, de ses événements de vides greniers, de ses casiers à breloques, de ses brocantes percluses ?

Par quels mots dire ? En quelle friperie verbale patauger ? Dans le calme péril des empreintes originelles s’efface chaque fouille, chaque recherche, chaque rumeur, comme une écriture du temps engourdie, endolorie, qui n’a pourtant de cesse de contracter l’éphémère s’accomplissant encore vers l’avant comme des traces de buées qui ne durent qu’un instant sur le miroir tiédie des pages qu’hier nous avions écrites.

J’ai le souvenir d’un berceau perdu dans un espace sans fin, où ni lignes d’horizon, ni repères tangibles ne rebondissent, juste des évanescences floues et tremblantes.

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S
Le destin charrie tant de malles où sommeillent <br /> Les tisons d’espoir fané par les défaites stériles<br /> Le vide me remplit de vide, je suis une bouteille<br /> Jetée au soir couchant, à la limite de l’inutile.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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