Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
30 mai 2010

Marchons… Marchons, encore.

96981

Sur une ligne temporelle, le provisoire chemine vers une éclipse sans limite. Symphonie du temps où la vie s’empoisonne, des crécelles jouent le tango des frissons. Des cernes sous les yeux, le souvenir subsiste dans une cascade de mots et d’ombres jumelées. Le mouvement ne s’épuise jamais, inaltérable de nos immensités laconiques. Nous le façonnons de retrouvailles soudaines et inopinées. Des surprises se faufilent, des hasards de destin croisent et décroisent l’espace dans sa profondeur.

Nous marchons dans l’étourdissement… dans la main de l’insignifiance, dans la paume de l’ennui et du futile. Nos jours sont du temps éphémère, des discussions plâtrées sur des mémoires trouées, des grappes de mots, des chapelets d’émotions.

Nous marchons dans les yeux de nos premiers regards, de nos premières sources, dos à dos avec les lèvres de nos rêves en exode, avec nos mains fermées, nos poings serrés sur cette secousse où nos vies se sont arrêtées. Oui, arrêtées, clouées, crucifiées, et nous filons sur cette bouillie de tourbe jusqu’à nous estourbir, nous assommer des fantômes de l’enfance avec laquelle nous avions déposé nos premiers cailloux.

Nous marchons sur des heures abandonnées à d’inconsistantes frivolités, sur des heures que l’aiguille a sautées, nous nous faufilons sur la pendule du périssable. Il y a tant de gestes gommés, d’actes oubliés, d’images ternes restées derrière le rideau de la fenêtre. A l’absence de nous-mêmes.

Des milliers de trous et de vides, des riens dépossédés, des charpentes désossées où la lumière ne va plus, où le soleil ne voûte plus. Nous marchons hors limite, sur des rabibochages d’existence où l’espace est une droite tendue entre les montagnes cabossées par nos fragilités. Nous marchons et nous grimpons aussi haut que le destin s’affirme afin que les étoiles puissent se toucher du doigt.

Je me suis à nouveau débordé dans la disproportion inadéquate des idées rangées sur les étagères des aveux et des oublis. Mon cœur bat de sa désinvolture à se répéter aux rythmes de ses émotions. Mais il bat. Revitalisé de ses doutes, de ses désespérances, de ses rages à se vaincre, de ses exigences à se mouvoir, de ses incompréhensions et de ses craintes à se mourir vivant d’inutiles sacrifices. De ses inutilités latentes et glaireuses, mais indispensables.

Et puis, des attentes interminables où se rongent les heures pleines, celles que l’on a rempli du mortier de nos histoires, de la terre de nos cultures, du germe de nos semences chétives. Des impatiences lamentées, des temps saturés laissés à la jachère que nos misères ont occupées comme des ronces s’accaparent des lieux inhabités. Et aussi, quelques espoirs terrassés à l’emporte vent, incrustés dans le sommeil des pierres.   

Toutes nos paroles sont enflées de mots creux, aux sonorités plates, creusées par l’échec des sons qui ne retentissent pas, qui ont perdus leurs souffles. Tout cet oubli. Tout ce gaspillage. Tout ce claveau de coulures émiettées.

Chaque seconde froissée de banalité, chaque mouvement largué à la perte, et le manque suffoquant à l’infini des flots d’insatisfactions, des brouilles et des enchantements désespérés.   

Dans la persévérance du lamentable, du quiproquo, notre entêtement à désirer l’inaccessible sonne comme une escapade vénéneuse. Une incurie persistante de ses résistances à ne pas s’éteindre d’asthéniques convulsions et qui s’offre encore à se risquer de ses audaces.

Publicité
Commentaires
S
Je ne vis que pour combler le vide de ma propre vie .. et sur les ronces de mon chemin, pousse parfois une étoile.. éphémère comme notre propre vie. Mais son parfum unique porte encore mes pas.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 341
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité